Page:Jarry - Les Antliaclastes, 1888.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

SICCA

Pasfort. — Voilà ! Voilà ! Là !

TOGA

la corde au cou, debout sur un escabeau, sous la potence.

Messieurs, j’aime mieux vous le dire,
Puisque vous allez m’étrangler.
À cette heure il ne faut plus rire,
Et je ne veux rien vous celer.

Je suis un chantre de marine ;
J’ai servi Rouget autrefois.
Vous pouvez voir sur ma narine
Le signe, deux lances en croix

J’avais toujours aimé la pompe,
Qui cause ma mort aujourd’hui…
Il ne faut pas qu’on m’interrompe :
Je sens mon courage qui fuit…

Rouget m’avait nommé pour être
Espion au milieu de vous…

TOUS

C’est l’espion Toga ! meure ! meure le traître !
C’était pour nous trahir qu’il était parmi nous !
Ah ! Toga ! Misérable, à genoux, à genoux !

(Toga, sans descendre de l’escabeau, s’agenouille, et embrasse l’effigie de la pompe Rouget.)

TOGA

Moi, messieurs, et ma pompe
Sommes deux vrais amis ;
En cet instant je pompe.
En pompant je péris.

De ma pompe je lègue
Les tuyaux à Sicca ;
Aux chantres de Nimègue
Le tube, et cætera.