Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
LES MINUTES

M. Ubu. — Une posture magnifique ! Parfaitement, monsieur : vous avez dit vrai une fois en votre vie.

(Exit Achras.)

M. Ubu. — Avons-nous raison d’agir ainsi ? Cornegidouille, de par notre chandelle verte, nous allons prendre conseil de notre Conscience. Elle est là, dans cette valise, toute couverte de toiles d’araignée. On voit bien qu’elle ne nous sert pas souvent.

(Il ouvre la valise. Sort la Conscience sous les espèces d’un grand bonhomme en chemise.)

La Conscience (elle a la voix de Bahis, comme M. Ubu celle de Macroton). — Monsieur, et ainsi de suite, veuillez prendre quelques notes.

M. Ubu. — Monsieur, pardon ! Nous n’aimons point à écrire, quoique nous ne doutions pas que vous ne deviez nous dire des choses fort intéressantes. Et, à ce propos, je vous demanderai pourquoi vous avez le toupet de paraître devant nous en chemise ?

La Conscience. — Monsieur, et ainsi de suite, la Conscience, comme la Vérité, ne porte habituellement pas de chemise ; si j’en ai arboré une, c’est par respect pour l’auguste assistance.