Page:Jarry Faustroll 1911.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
SPÉCULATIONS

ne se mangent pas entre eux. Bien plus, il appert de plusieurs essais de nos vaillants explorateurs militaires en Afrique, que les races de couleur ne sont pas comestibles. Qu’on ne s’étonne donc point de l’accueil empressé que les cannibales firent aux blancs.

Ce serait une erreur grave, néanmoins, de ne voir dans le massacre de la mission européenne que basse gourmandise et pur souci culinaire. Cet événement, à notre avis, manifeste l’une des plus nobles tendances de l’esprit humain, sa propension à s’assimiler ce qu’il trouve bon. C’est une très vieille tradition, chez la plupart des peuples guerriers, de dévorer telle ou telle partie du corps des prisonniers, dans la supposition qu’elle recèle telle vertu : le cœur, le courage ; l’œil, la perspicacité, etc. Le nom de la reine Pomaré signifie « mange-l’œil ». Cet usage a été moins suivi du jour où l’on a cru à des localisations moins simples. Mais on le retrouve, intégral, dans les sacrements de plusieurs religions, basés sur la théophagie. Les Papous n’ont eu en vue, quand ils dévorèrent les explorateurs de race blanche, qu’une sorte de communion avec leur civilisation.

Si quelques vagues concupiscences sensuelles se sont mêlées à l’accomplissement du rite, elles leur ont été suggérées par le chef même de la mission anthropophagique, M. Henri Rouyer. On a beaucoup remarqué qu’il parle avec in-