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SPÉCULATIONS

pour sacrifier, en une seule chasse, la victime coûteuse d’un si haut sport. Après quelques simagrées, des rabatteurs mettent en fuite l’animal au moyen d’une musique barbare, pareille à celle qui sert à rappeler les essaims d’abeilles ou à inculquer aux ours les rudiments de la chorégraphie.

LES MŒURS DES NOYÉS

Nous avons eu occasion de nouer quelques relations assez intimes avec ces intéressants ivres-morts de l’aquatisme. D’après nos observations, un noyé n’est pas un homme décédé par submersion, malgré que tende à l’accréditer l’opinion commune : c’est un être à part, d’habitudes spéciales et qui s’adapterait, croyons-nous, à merveille à son milieu si l’on voulait bien l’y laisser séjourner un temps convenable. Il est remarquable qu’ils se conservent mieux dans l’eau qu’à l’air libre. Leurs mœurs sont bizarres, et, bien qu’ils aiment à se jouer dans le même élément que les poissons, diamétralement opposées, si nous osons ainsi dire, à celles de ceux-ci : en effet, alors que les poissons, comme on sait, ne voyagent qu’en remontant le courant, c’est-à-dire dans le sens qui exerce le mieux leur énergie, les victimes de la funeste passion de l’aquatisme s’abandonnent au