Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/61

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des ateliers, le peuple des champs, la bourgeoisie laborieuse et pauvre valent mieux, par le cerveau et par le cœur, que la condition sociale qui leur est faite.

Et c’est parce que la République, en élevant les esprits et les cœurs par la liberté politique et la pleine éducation, accélère l’évolution de la justice sociale, que tous ceux qui ont besoin de cette justice doivent rester obstinément fidèles aux institutions républicaines.

Or, ceux qui en ont besoin sont dans la nation l’immense majorité. Les abus, quelle que soit leur étendue, ne profitent qu’à un petit nombre. La France, à la veille de 1789, mourait de privilèges, et les privilégiés n’étaient pas 200,000. La féodalité capitaliste, qui fait tant de mal à la nation, n’est pas utile à beaucoup. Donc, ce n’est point de l’agitation violente et exclusive de telle ou telle fraction sociale, c’est d’une sorte de mouvement national que doit sortir la justice.

De même qu’en 1789 le peuple et la bourgeoisie se trouvèrent unis pour abolir les privilèges nobiliaires et les abus féodaux, de même, à la veille de 1889, le peuple et la bourgeoisie laborieuse doivent s’unir pour abolir les privilèges et les abus capitalistes.