Page:Jaurès - Histoire socialiste, II.djvu/169

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française rendent indispensable d’y acheminer des modifications pour lui assurer une existence solide et tranquille. L’empereur applaudit à cet égard à la sagesse des bornes que Leurs Majestés Très Chrétiennes mettent à leurs désirs et à leurs vues. »

« Le rétablissement de l’ancien régime est une chose impossible à exécuter, inconciliable avec la prospérité de la France. Le renversement des bases essentielles de la Constitution serait incompatible avec l’esprit actuel de la nation et exposerait aux derniers malheurs. Lier cette Constitution avec les principes fondamentaux de la monarchie est le seul but auquel on peut raisonnablement viser. »

« Les objets compris dans ce but sont tracés avec la précision la plus satisfaisante dans le mémoire envoyé par la reine. Conserver au trône sa dignité et la convenance nécessaire pour obtenir le respect et l’obéissance aux lois ; assurer tous les droits, accorder tous les intérêts ; et, regardant comme objets accessoires les formes du régime ecclésiastique, judiciaire et féodal, rendre toutefois, dans la Constitution, à la noblesse un élément politique qui lui manque, comme partie intégrante de toute monarchie. Ces points d’amendement renferment tout ce qu’il est nécessaire de vouloir… »

« Il y a quatre mois que l’empereur partageait l’espoir que le temps, aidé de la raison et de l’expérience, suffirait seul pour réaliser les amendements. Les communications secrètes ci-jointes prouveront la bonne foi avec laquelle il seconda, sur cet espoir, la détermination du roi et de la reine et qu’il ne tint point à ses soins que les mêmes vues n’aient été adoptées par toutes les Cours (elles l’ont toutefois été par la plupart, et même par toutes, eu égard à l’effet), ainsi que par les frères du roi et par les émigrés.

« Ce n’est pas que l’empereur ne persiste encore à croire que le but devra et pourra être rempli sans troubles et sans guerre, car il est intimement convaincu que rien de solide ne pourra être effectué qu’en se conciliant la volonté et l’appui de la classe la plus nombreuse de la nation, composée de ceux qui voulant la paix, l’ordre et la liberté sont aussi fortement attachés à la monarchie ; mais parce qu’ils ne sont pas tous parfaitement d’accord, parce qu’ils sont lents à se mouvoir et à se déterminer, parce que leur attachement à la Constitution est plus obstiné qu’éclairé, tout porte l’empereur à craindre que cette même classe de gens, abandonnée à elle-même, ou se laissera toujours maîtriser, ou que ses bonnes intentions seront prévenues et rendues infructueuses par le parti républicain, dont le fanatisme dans les uns et la perversité des autres supplée au nombre par une énergie d’activité, d’intrigues et de mesures fermes et concertées, qui doit nécessairement l’emporter sur le découragement, la désunion ou l’indifférence des premiers. Plus les chefs (si bien caractérisés dans le mémoire) qui dirigent ce parti sentent que le temps et le calme anéantiront leur crédit, plus ils se livrent à des mesures désespérées et violentes, et cherchent d’entraîner la nation à des extré-