Page:Jaurès - Histoire socialiste, II.djvu/512

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une véritable convention nationale, la seule légitime, la seule complète, que la France aura jamais vue.

« Les Français assemblés voudront sans doute assurer pour jamais la liberté, le bonheur de leur pays et de l’univers. Ils réformeront ou ils ordonneront à leurs nouveaux représentants de réformer certaines lois vraiment contraires aux principes fondamentaux de la Constitution française et de toutes les Constitutions possibles. Ces nouveaux points constitutionnels sont si simples, si conformes à l’intérêt général et à l’opinion publique, si faciles d’ailleurs à attacher à la Constitution actuelle, qu’il suffira de les proposer aux assemblées primaires, ou à la Convention nationale, pour les faire universellement adopter.

« Ces articles peuvent se ranger sous deux clauses : Les premiers concernent l’étendue de ce qu’on a appelé, avec trop de justesse, les prérogatives du chef du pouvoir exécutif. Il ne sera question que de diminuer les moyens immenses de corruption que la corruption même a accumulées. La nation entière est déjà de cet avis ; et par cela seul, ces dispositions pouvaient être déjà presque considérées comme de véritables lois, d’après la Constitution même, qui dit que la loi est l’expression de la volonté générale.

« Les autres articles sont relatifs à la représentation nationale, dans ses rapports avec le souverain.

«…La nation sera d’avis que, par une loi fondamentale de l’État, à des époques déterminées et assez rapprochées pour que l’exercice de ce droit ne soit point illusoire, les assemblées primaires puissent porter leur jugement sur la conduite de leurs représentants, ou qu’elles puissent au moins révoquer, suivant les règles établies, ceux qui auront abusé de leur confiance. La nation voudra encore que, lorsqu’elle sera assemblée, nulle puissance n’ose lui interdire le droit d’exprimer son vœu sur tout ce qui intéresse le bonheur public.

«…Je n’ai pas besoin de dire non plus que la première opération à faire est de renouveler les directoires, les tribunaux et les fonctionnaires publics, soupirant après le retour du despotisme, secrètement ligués avec la Cour et avec les puissances étrangères. »

Voilà, à la fin de juillet, le plan politique de Robespierre. J’ai cité les passages principaux de ce grand programme, parce que Robespierre calcule si soigneusement tous ses mots et ménage avec tant de prudence toutes les nuances de sa pensée qu’il faut en donner le plus possible l’expression littérale. Ses vues politiques, à ce moment, sont très supérieures à celles de la Gironde. Celle-ci en cette crise n’était qu’impuissance, et, si j’ose dire, intrigue expectante et stupéfiée.

Robespierre marque une issue aux événements. La Législative incohérente et usée disparaîtra et une Convention nationale, élue au suffrage universel, portant en elle toute l’énergie nationale, réformera la Constitu-