Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/200

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difficultés. Le directoire du département vient enfin de prononcer. En conséquence, le corps municipal arrête que les 48 sections se réuniront samedi prochain, 23 de ce mois, à 5 heures du soir, dans le lieu ordinaire de leurs séances, pour y procéder par assis et levé, conformément à la loi, à l’acceptation ou au refus de chacun des membres portés sur la liste des citoyens élus pour composer la municipalité définitive ; que le lendemain dimanche 24, les délégués des sections apporteront à la maison commune le résultat de leur délibération ; et que la liste des citoyens élus sera imprimée, affichée et envoyée aux sections. »

Or, c’est seulement le 2 mars que le procès-verbal de la Commune mentionne le résultat du vote des sections. « Les procès-verbaux du scrutin des sections, pour l’admission ou le rejet des citoyens destinés à former le Conseil général de la Commune se sont trouvés au nombre de 45. Les sections du Mont-Blanc, du Panthéon Français et des Gardes Françaises ont refusé d’émettre leur vœu. Quarante-six citoyens, entre autres le prêtre Roux, ont été rejetés. » Le procès-verbal ne nomme que lui ; la Commune tenait à le rejeter avec quelque fracas. Qu’on observe bien que c’est la majorité des sections qui refusait de sanctionner en la personne de Jacques Roux le choix fait par la section des Gravilliers. Celle-ci ne l’abandonnait pas ou plutôt elle n’avait pas à se prononcer sur lui, car la loi municipale décidait (tout naturellement) « qu’une section individuelle ne soumettrait pas à l’épreuve (du scrutin épuratoire) les trois » d’abord désignés par elle. Mais une question se pose : l’élimination de Jacques Roux fut-elle prononcée par la majorité des sections avant le 25 février ou après ? Était-elle un désaveu général de sa politique ou un désaveu plus précis de la journée du 25 et du rôle qu’il y avait joué ? Aux termes rigoureux de l’arrêté du directoire, il semble que le scrutin épuratoire aurait dû être terminé le 23 au soir dans toutes les sections, puisque le résultat devait y être porté le lendemain dimanche 24 à l’Hôtel de Ville. Mais il y avait souvent du retard dans toutes ces opérations : un scrutin épuratoire, même sans débat, même par assis et levé, portant sur plus de cent quarante noms, c’est assez long : et il est fort possible que les sections n’aient pu terminer le samedi 23, qu’elles se soient réunies de nouveau les jours suivants. Si Jacques Roux avait été éliminé dès le 23 au soir, cela soulignerait l’importance de son rôle. Il serait démontré en effet que, même avant l’éclat du 25, sa propagande contre la classe mercantile inquiétait, dans l’ensemble de Paris, les citoyens des sections. Mais il me paraît infiniment plus probable que son exclusion fut une suite de l’émeute du sucre et du savon. Je ne crois pas en effet que sa propagande un peu sourde ait pu, avant le 25, porter assez loin pour le compromettre dans tout Paris. Au demeurant, le fait qu’il n’est question du vote des sections que dans la séance du 2 semble indiquer que ces sections ont continué jusqu’à cette date leurs votes de confirmation ou d’épuration. Enfin, la section des Piques n’aurait pas