Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/403

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rage et de la santé, le moyen de les employer de manière à pouvoir devenir un jour propriétaires. »

C’était plus vaste, mais à échéance plus lointaine que la taxation des blés. Jacques Roux devait sourire de ces incohérences de la Commune de Paris, qui tantôt était entraînée par le mouvement du peuple à souscrire à la politique sociale des Enragés, et tantôt, répudiant ou oubliant le maximum, s’échappait en vagues espérances d’universel bien-être. C’est une grande surprise de voir tout à coup, dans une séance du 19 avril, Jacques Roux reparaître au Conseil général de la Commune. Voici comment débute, pour cette séance, le compte rendu du Moniteur :

« L’appel pour le service du Temple (la surveillance de Marie-Antoinette) ayant été fait comme de coutume, Jacques Roux a été indiqué pour y être de service ; il a déclaré être malade, et que si on le forçait d’aller au Temple, il ne paraîtrait plus au Conseil.

« Cette assertion donne lieu à diverses propositions tendant à blâmer fortement Jacques Roux et même à le dénoncer à sa section. Après une assez longue discussion, le Conseil arrête que la réponse de Jacques Roux sera envoyée à sa section, celle des Gravilliers, et passe à l’ordre du jour sur toute explication ultérieure. »

D’où surgit-il et comment est-il là ? Nous avons vu, dans le compte rendu de la séance du 2 mars, que donne le Moniteur, que Jacques Roux était parmi les délégués au Conseil général de la Commune que la majorité des sections avait exclus. Ce compte rendu (non officiel, il est vrai) le mentionne expressément. Il n’y a pas d’erreur possible. D’abord les événements du 25 février avaient appelé l’attention sur Jacques Roux, et si le Moniteur avait commis à son sujet une erreur aussi grave, elle aurait été rectifiée. D’ailleurs, comme je l’ai noté, le Moniteur indique, à propos de la séance du 19 mars, que les Gravilliers n’ont pas envoyé encore le procès-verbal de la nouvelle élection à laquelle ils ont été invités.

La Chronique de Paris, qui avait mentionné au commencement de mars le rejet d’un certain nombre de commissaires par la majorité des sections, donne, pour la séance du 19 mars, des indications à peu près identiques à celles du Moniteur.

« Les sections du Mont-Blanc et du Panthéon-Français ont refusé de nommer d’autres membres, malgré le rejet fait par la majorité des sections. Les sections des Champs-Élysées, Gardes-Françaises, Popincourt, Quinze-Vingts, Fédérés et Observatoire ont procédé à un renouvellement dont le résultat a présenté les mêmes sujets rejetés par la majorité des sections. Les sections des Gravilliers et du Temple n’ont pas envoyé leurs procès-verbaux. »

Ainsi il n’y a pas de doute possible, les délégués de la section des Gravilliers, parmi lesquels Jacques Roux, ont bien été rejetés par la majorité