Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/414

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sortir de l’assemblée, il s’y trouvait des étrangers, on saurait qu’en faire. Ces prétendus étrangers étaient des électeurs. »

Visiblement, ce sont les Enragés, menés par Varlet, de la section des Droits de l’Homme, qui avaient donné le branle. Ce sont eux qui tentaient de mettre la main sur la révolution parisienne. Et contre eux se reformait, comme en mars, la coalition des défiances. Les Jacobins surtout prenaient ombrage de cette organisation qui prétendait les déposséder de leur primauté révolutionnaire.

Marat si terrible aux Enragés, en février et en mars, ne désarmait pas. À la séance du lundi 1er avril, aux Jacobins. « le citoyen Grenier annonce que ce matin des délégués des 48 sections, parmi lesquels il se trouvait, se sont réunis à l’Évêché, et se sont constitués en assemblée centrale de salut public et de correspondance avec les départements. La Commune va leur donner un local. C… déclare qu’un club central hors de la société doit être suspect. Ce qui doit sauver la chose publique, ce sont les comités de surveillance concertés avec les Jacobins. Marat déclare que Grenier a des projets anticiviques et demande qu’on le fasse conduire au Comité de sûreté générale par quatre citoyens. La proposition est adoptée et Grenier est emmené malgré ses protestations. »

Le mouvement a encore une allure sectaire. La jeunesse excitée et vaniteuse de Varlet, l’affectation des Enragés à se considérer comme une génération révolutionnaire toute nouvelle et indépendante de ses aînés, leur dédain pour « les patriotes de 1789 », leurs appels aux prolétaires, aux ouvriers, tout inquiétait ou offusquait les révolutionnaires établis. Les protestations durent être très vives, puisque la section même des Gravilliers crut prudent de retirer son adhésion.

Jacques Roux, sans doute, jugeait téméraires et précipitées les démarches de Varlet. Le Conseil de la Commune se demanda, un moment, s’il ne s’était pas trop avancé en sanctionnant ce Comité central. Il constata, dans sa séance du 2 avril, que les quatre sections des Gravilliers, des Arcis, de l’Arsenal et du Marais ayant retiré leurs commissaires du Comité central, celui-ci ne représentait plus la majorité des sections.

Et il décida de surseoir à statuer sur la question des frais de bureau. Mais dans la même séance, la section des Droits de l’Homme insista :

« Elle expose au Conseil qu’on l’a calomniée en donnant de fausses interprétations à son arrêté (celui qui a provoqué la réunion du Comité central à l’Évêché). Elle atteste la pureté de ses intentions, et donne ensuite lecture de son arrêté. Le Conseil ordonne la mention civique et l’envoi aux 48 sections. »

Ainsi, les forces d’action, même téméraires, ne se repliaient pas, ne se dispersaient pas. L’avant-garde de la Révolution parisienne ne se laissait