Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/430

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et de mourir plutôt que de souffrir qu’on porte atteinte à l’unité, à l’indivisibilité de la République et à la Convention nationale.

« Vienne, ville feuillantine, nous a cependant offert un bon directoire du district, une municipalité passable et une excellente Société populaire. Le recrutement n’est pas achevé, il s’en fallait de trente-neuf hommes. On peut en attribuer la cause aux aristocrates déguisés en patriotes, aux dévots modernes dont nous avons déjà parlé, et qui vont disant que vous allez à la boucherie. Leur séquestration a fait merveille. Nous avons eu la satisfaction de voir s’achever le recrutement dans le jour. Il a été précédé d’une fête civique et achevé par les cris de : Vivent la République et la Convention nationale !

« Nous vous demanderons un décret interprétatif, ou plutôt formel et précis, de l’abolition des costumes religieux hors le temps du culte et la confession des malades, une expression équivoque de la loi servant de prétexte à la plupart des prêtres pour s’abstenir de l’obéissance qu’ils doivent à vos décrets. Le compte général que nous vous rendrons à notre prochain retour auprès de vous vous fera aisément connaître combien il est important que les prêtres constitutionnels ne se permettent plus de porter aucune des marques qui les faisaient distinguer autrefois des simples citoyens. »

Il est visible qu’il y a bien des forces contraires en présence. En bien des régions, c’est l’impulsion de Paris, c’est le choix fait par la capitale entre la Montagne et la Gironde qui décidera des événements et de la marche des esprits. De Montauban, Jean-Bon Saint-André envoie au Comité de salut public, le 15 mai, des nouvelles assez mêlées.

« Depuis que nous sommes dans les départements, citoyens collègues on n’a cessé d’entraver notre marche par toutes sortes de moyens, et d’essayer de nous susciter des ennemis par les plus infâmes calomnies. Je vous remets ci-joint des pièces qui constatent cette vérité et qui montrent quelle est la source et le but de toutes ces manœuvres. Je vous prie de les mettre sous les yeux de la Convention nationale, car il importe peut-être qu’on sache qu’il y a aussi des provocateurs parmi ceux qui déclament sans cesse contre ce qu’ils appellent l’anarchie. Notre prudence et notre fermeté nous ont sauvés des pièges qu’on nous a tendus, et, en dépit des calomniateurs, nous avons peut-être fait quelque bien dans nos départements, sans porter, comme on nous en accuse, atteinte aux propriétés, et nous avons respecté jusqu’à l’idole la plus chère à la cupidité, la bienheureuse cassette. »

Et après avoir rendu compte des mesures qu’il prend pour organiser la défense nationale contre les Espagnols, et pour créer à Montauban une fonderie de canons et un atelier de charronnage, après avoir indiqué que « les foulons et les machines à ratisser les étoffes offrent des moyens préparés d’avance et qu’on peut adapter très promptement et à très peu de frais pour forer les canons », après avoir loué le patriotisme de la ville de Figeac, qui