Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/474

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qu’on fait une guerre perpétuelle aux autorités constituées et notamment à la Commune de Paris, arrête, entre autres dispositions, qu’elle reconnaît irréprochables, envers toute la nation, les membres qui siègent à la Montagne et félicite la Commune des mesures civiques et révolutionnaires qu’elle a prises dans des circonstances critiques. Le Conseil applaudit au civisme de la section du Luxembourg, et il invite ses députés à assister à la séance. »

C’est donc devant une assemblée déjà très excitée qu’éclate la nouvelle de l’ordre d’arrestation d’Hébert.

« À neuf heures, Hébert, second substitut du procureur de la Commune, instruit le Conseil que pour prix des services qu’il a rendus à la patrie il vient de recevoir un mandat d’amener, de la part de la Commission des Douze ; il dit qu’on l’arrache à ses fonctions, mais qu’il va obéir à la loi. Il rappelle au Conseil le serment qu’il a fait de défendre tous les opprimés et de se regarder comme frappé lorsque l’on frapperait l’un de ses membres. Il invoque ce serment, non pas pour lui, car il est prêt, dit-il, à porter la tête sur l’échafaud, si le sacrifice de sa vie était utile à sa patrie, mais pour ses concitoyens sur le point de retomber dans l’esclavage. Il sort, il rentre, il embrasse Chaumette, qui lui donne l’accolade en lui disant : « Va, mon ami, j’espère bientôt te rejoindre. » Chaumette annonce que des mandats d’amener ont été lancés contre Marino et Michel, administrateurs de police, et contre un citoyen de la section du Contrat Social ; il invite tous les membres du Conseil à porter secours aux femmes et aux enfants de leurs collègues qui pourraient être détenus.

« Le Conseil général décrète qu’il restera en permanence jusqu’à ce qu’il ait des nouvelles de son collègue et ami Hébert.

« Des volontaires de la section du Muséum viennent jurer au sein du Conseil de verser jusqu’à la dernière goutte de leur sang pour le maintien de la liberté et de l’égalité, et la prospérité de la République.

« Un grand nombre de citoyens de la section de l’Arsenal se présentent. L’orateur informe le Conseil qu’ils ont abandonné les aristocrates et ceux qui veulent faire rétrograder la Révolution ; il se plaint d’avoir été rappelé à l’ordre (dans sa section) pour avoir demandé les preuves du complot dénoncé par la section de la Fraternité ; il demande des renseignements sur les faits dénoncés par cette section. Le maire entre dans les plus grands détails sur ce qui s’est passé dans les assemblées tenues à la mairie par les membres des comités révolutionnaires ; il assure qu’il n’y a vu aucun plan de conspiration, et que la malveillance seule a pu dénaturer des faits très simples en eux-mêmes, et qui n’avaient rien d’alarmant, et donne lecture de la lettre (de lui) qui a été lue aujourd’hui (à ce sujet) à la Convention nationale. Le rapport, la lettre et les déclarations faites par le maire, ainsi que la partie de la séance qui concerne la prétendue conjuration seront imprimés, affichés et envoyés aux sections et aux Sociétés populaires. »