Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/487

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s’unissent pour nous opprimer et nous ne pouvons les vaincre quoique ralliés sous l’étendard de la liberté ! Nous les vaincrons. Je vois Paris dans les mêmes circonstances qu’au printemps dernier, un nouveau comité autrichien ressuscité, et de nouvelles persécutions contre les patriotes. Mais qui règle donc la destinée de la France ? Hélas ! je pourrais dire avec Voltaire : « Voilà donc les soutiens de ma triste patrie ! «  Je vous annonce une force départementale, dit-il en se résumant, mais ce sont des frères que je vous annonce et nous planterons ensemble un grand arbre de la Fraternité, un nouvel arbre de l’Union. »

Certes, il serait téméraire et injuste de juger le discours d’un homme sur un compte rendu aussi sommaire. On croit bien démêler pourtant que, dans ce chaos historique, apologétique et gémissant, il n’y a pas une parole vigoureuse et nette, pas un conseil décidé et précis. Pourtant Chaumette reprend l’avantage quand il est averti par son instinct social, assez profond et tendre : « Nous avons tout fait pour les pauvres ». Il groupe ainsi les prolétaires de Paris. Il est vrai aussi qu’en face de la Convention, divisée, déchirée, la Commune était cordialement et fraternellement unie. On ne surprend, à cette date, malgré bien des différences de caractères, aucune rivalité, aucun dissentiment entre Chaumette, Hébert, Destournelle : le Conseil est presque toujours unanime.

Des sections, les nouvelles arrivaient assez mêlées ; à la section de l’Arsenal la lutte continuait.

« Un délégué de la section, couvert du bonnet rouge, annonce au Conseil que le trouble existe de nouveau dans l’assemblée. « Vos commissaires, dit-il, ont été insultés, nos moyens sont insuffisants ; cette section est dans un état déplorable ; il y a une foule de jeunes gens à culottes étroites qui y font un brouhaha épouvantable. Je vous invite de ramener des commissaires qui aient de bons poumons pour se faire entendre. » Il observe que la cause du trouble vient de ce que les aristocrates ont nommé un signataire (des fameuses pétitions) pour président. On y envoie huit commissaires. « Mais seize sections se prononçaient avec force dans le sens de la Commune et de la Montagne.

« Les sections des Droits de l’Homme, du Temple, des Fédérés, des Lombards, de Popincourt, des Gravilliers, du Panthéon, de Marseille, du Bon-Conseil, des Arcis, des Marchés, du Muséum, du Faubourg-Montmartre, de l’Unité, de Bonne-Nouvelle, de la Montagne, adhèrent, les unes, à l’adresse présentée par la municipalité à la Convention, relativement à la détention du citoyen Hébert, les autres, à l’arrêté de la section du Temple, tendant à faire nommer, par les 47 autres sections, des commissaires qui se réuniront ce soir à la maison commune pour rédiger une adresse à la Convention, à l’effet de découvrir les motifs qui ont donné lieu à l’arrestation du second substitut du procureur de la Commune. »