Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/729

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admirable si seulement Vergniaud avait pressenti que, par le double essor combiné de la démocratie et de la richesse, un jour tout le peuple travailleur participerait à la grande fête harmonieuse de la vie, et qu’un jour aussi les nations réconciliées par la liberté et le droit pourraient déposer leurs armes !

« Rousseau, Montesquieu et tous les hommes qui ont écrit sur les gouvernements nous disent que l’égalité de la démocratie s’évanouit là où le luxe s’introduit ; que les républiques ne peuvent se soutenir que par la vertu, et que la vertu se corrompt par la richesse.

Martyrs de la Liberté :
Le Pelletier, Marat, Chalier.
(D’après une estampe du Musée Carnavalet.)

« Pensez-vous que ces maximes, appliquées seulement par leurs auteurs à des États circonscrits, comme les républiques de la Grèce, dans d’étroites limites, doivent l’être rigoureusement et sans modification à la République française ? Voulez-vous lui créer un gouvernement austère, pauvre et guerrier, comme celui de Sparte ?

« Dans ce cas, soyez conséquents comme Lycurgue ; comme lui, partagez les terres entre tous les citoyens ; proscrivez à jamais les métaux que la cupidité humaine arrache des entrailles de la terre ; brûlez même les assignats dont le luxe pourrait aussi s’aider, et que la lutte soit le seul travail de tous les Français ; étouffez leur industrie ; ne mettez entre leurs mains que la scie