Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/766

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Pâris, de la rédaction du Bulletin de la Commune ; ils disaient l’extrait des lettres intéressantes, et le procès-verbal des séances du conseil.

Mais avec quel empressement les chefs de la Commune essaient de profiter, pour accabler Jacques Roux, de son faux pas à la Convention !

Dès le lendemain 26 juin, le Conseil de la Commune, informé de l’émeute du savon à la Grenouillère, vote un ordre du jour qui flétrit tout appel au pillage, qui dénonce comme des complices de la Vendée tous ceux qui menacent les propriétés ; et Chaumette, voulant évidemment solidariser Jacques Roux avec ces désordres, « donne lecture d’un journal du soir dans lequel on annonce que Jacques Roux est venu dans la Convention critiquer la nouvelle Constitution et accuser les législateurs d’avoir dans cette Constitution favorisé les accapareurs. Plusieurs membres incriminent les principes de l’abbé Jacques Roux ». Le Conseil hésitait à entrer en lutte violemment contre un homme qui avait au centre même de Paris une place forte, et contre un système que le peuple applaudissait. Mieux valait au contraire dissocier Jacques Roux des scènes de pillage, et condamner les premières sans mettre en cause celui-ci. Le Conseil de la Commune, se refusant à suivre Chaumette dans la voie ouverte par celui-ci, passe à l’ordre du jour sur Jacques Roux, mais décide, sur le réquisitoire du procureur, de nommer des commissaires pour aller prier le comité d’agriculture de la Convention de presser le rapport sur le moyen d’opérer la diminution des denrées. C’était en somme un succès ou un demi-succès pour Jacques Roux ; mais à mesure que les pillages s’étendent dans les journées du 27 et du 28, le Conseil, inquiet d’avoir à réprimer des mouvements populaires, s’irrite contre celui qui les justifiait s’il ne les provoquait pas, et quand le 28 au soir Jacques Roux, qui n’avait pas encore été frappé de la foudre que le même soir Robespierre allait lancer contre lui aux Jacobins, se présente au Conseil de la Commune pour lui faire agréer la pétition adoptée déjà par les Cordeliers, le Conseil s’indigne des responsabilités redoutables qu’il prétendait lui imposer :

« Votre pétition, s’écrie Chaumette, c’est le tocsin du pillage et de la révolution des propriétés. »

Guyot ajoute :

« Roux a inscrit dans sa pétition les choses les plus dangereuses et les plus anticiviques. »

D’autres membres regardent Roux « comme la cause de tous les désordres qui ont fait craindre les citoyens pour les propriétés, et demandent son exclusion du Conseil ». Était-ce légal ? En tous cas, c’était chose grave, et le débat fut ajourné au lendemain.

Le 29 juin, « au Conseil général de la Commune, un membre remarque que malgré l’invitation faite au citoyen abbé Jacques Roux, il ne se présente