Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/934

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leur part étant due probablement à un refus d’augmentation de la part de leurs maîtres. »

Et le policier ajoute :

« On crie de tous côtés contre cette tyrannie des ouvriers ; on espère, on attend que le prix de leur journée sera taxé dans le nouveau maximum dont toutes les dispositions, dit-on, seraient illusoires si la main-d’œuvre qui est une marchandise comme une autre, et qui fait la base nécessaire du prix de tous les autres objets, n’était comprise dans ces dispositions et réduite à un taux proportionnel. »

Tandis que la municipalité de Paris taxait les denrées au moins dans les magasins de gros, lesquels d’ailleurs étaient tenus par la loi sur les accapareurs à vendre au détail, et négligeait de taxer les salaires, je vois d’autres municipalités, où l’influence bourgeoise était plus grande, se hâter de taxer les salaires en même temps que les denrées et les objets fabriqués.

Je trouve par exemple, aux archives du Tarn, la lettre adressée « le 10 Pluviôse, an II de la République une, indivisible et impérissable » par l’agent national de Poudis au directoire du district de Lavaur :

« Les décrets de la Convention nationale, les arrêtés des représentants du peuple et ceux émanés des autorités supérieures que la municipalité de Poudis a reçus dans le courant de la décade ont été affichés au bruit du tambour et lus conformément aux articles 9 et 10 de la loi qui nous l’ordonne ; ils seront exécutés avec zèle.

« Le maximum des objets de première nécessité qui se vendent dans notre commune est strictement observé et les citoyens qui fabriquent l’huile à brûler réclamant qu’ils y perdent beaucoup et qu’ils seront forcés de ne plus en fabriquer pour la vente, attendu que les grains de lin leur coûtent 6 livres la mégère (pour la mesure), etc., etc.

« Veuillez nous dire, citoyens, si nous devons nous en tenir au maximum ou si vous accordez quelque petite augmentation ; je ferai toujours exécuter avec vigueur les ordres qui me seront transmis ; en attendant, le maximum sera maintenu dans toute sa teneur. »

L’agent national de Poudis disait-il la vérité ? En tout cas, il est visible par beaucoup de correspondances échangées par les municipalités des petites communes rurales voisines se consultant sur les indications des prix qu’elles doivent donner, et dont il faudrait reproduire jusqu’à l’orthographe grossière, que la loi du maximum n’était pas, même en cette première période, une loi de parade, et qu’elle pénétrait dans toute la vie économique de la nation. Et voici d’importantes communes : Albi, Cordes, qui, au contraire de la municipalité de Paris, se hâtent, aussitôt connue la loi de septembre sur le maximum, de taxer les salaires.

À Albi, « dans la séance du 15 octobre 1793, l’an second de la République française une et indivisible », c’est-à-dire quelques jours à peine après le dé-