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furent perdue et cinq démâtés, les rencontres furent moins graves, mais non dépourvues d’intérêt. Le 6 fructidor (23 août), la frégate la Volontaire et la corvette l’Espion firent preuve de vaillance pendant les combats inégaux qui eurent lieu à peu de distance l’un de l’autre dans la baie d’Audierne. Le 2 brumaire (23 octobre), le contre-amiral Nielly partait de Brest pour croiser dans la Manche et, le l6 (6 novembre), il capturait l'Alexander avec lequel il rentrait à Brest. En frimaire (décembre), était réunie dans ce dernier port une armée navale comptant 34 vaisseaux de ligne, 13 frégates et 16 corvettes. On eut le tort, malgré l’avis, il faut le dire, de Villaret-Joyeuse, de vouloir mettre à la voile dans cette saison, sous prétexte de croiser dans le golfe de Gascogne et de protéger le passage dans la Méditerranée de 6 vaisseaux sous les ordres du contre-amiral Renaudin. Un appareillage, le 3 nivôse (23 décembre), n’eut d’autre résultat que le naufrage du Républicain ; cinq jours après, on prenait la mer ; mais, le 10 pluviôse an III (29 janvier 1795), une épouvantable tempête engloutissait cinq vaisseaux et en mettait deux hors de service. La flotte, y compris la division de Renaudin, revint à Brest d’où ce dernier repartit en ventôse (fin de février) ; par suite de mauvais temps ; il n’arrivait à Toulon que le 14 germinal (3 avril).

Dans la Méditerranée, le contre-amiral Martin, avec sept vaisseaux, défia, de la fin de prairial au début de brumaire (16 juin au 1er novembre), l’escadre anglaise de l’amiral Hood forte de 14 vaisseaux et à laquelle s’était bientôt jointe une escadre de 15 vaisseaux espagnols. Martin trouva à sa rentrée, le 11 brumaire (1er novembre), huit nouveaux vaisseaux armés à Toulon, où il passa l’hiver. Avec ces 15 vaisseaux il appareillait, le 13 ventôse (3 mars), afin de seconder les opérations de transport et de débarquement d’un corps de 6 000 hommes dans l’île de Corse, tout entière aux mains des Anglais, Calvi ayant dû capituler le 14 thermidor an II (1er août 1794). Le 17 ventôse (7 mars), l'Alceste s’emparait du Berwick ; mais, le 25 (15-mars), entre Noli et Alassio, le Ça ira, démâté par accident, et le Censeur, qui le remorquait, séparés du reste de la flotte, étaient, après une héroïque résistance, pris par l’escadre anglaise du vice-amiral Hotham. Martin regagna avec les transports le golfe Jouan, puis la rade de Toulon où se trouvait Renaudin. Quelques incidents sans grande importance avaient eu lieu dans la mer du Nord, à Tunis, dans la mer de l’Archipel où une petite division prit une corvette anglaise (4 frimaire an III-24 novembre 1794), mais se fit bloquer dans le port de Smyrne. Ce qui continuait à faire le plus de mal à l’Angleterre, c’étaient les « corsairiens », comme on disait alors, les vaillants marins qui, n’étant pas pris par le service de l’État, couraient sus aux bâtiments de commerce ennemis.

Au 9 thermidor, la France avait, sauf la Guyane, le Sénégal, l’île de France ou Maurice et l’île Bourbon ou de la Réunion, à peu près perdu toutes ses colonies. Le 14 prairial an II (2 juin 1794), les deux commissaires envoyés