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avec les forces mortes. Je compte dans ce nombre Mr. l’Abbé Déidier, qui donna dans cette année 1741 une brochure, où il prétend refuter les forces vives ; mais il y raisonne comme un aveugle sur les couleurs. Quelques autres remplis de préjugés aiment mieux persévérer dans l’erreur populaire que de se donner la peine d’approfondir, ou seulement d’examiner le point de Ia controverse. ll y en a encore qui seraient peut-être en état de pénétrer jusq’au fond de la verité, mais qui s’étant déclaré trot têt publiquement par précipitation pour l’erreur invétéré, s'imaginent qu’il y va de leur réputation de chanter la palinodie. Enfin nous savons que quelques-uns particulièrement en Angleterre, préoccupés de passions contre tout ce qui vient des pays étrangers, haïssent mortellement les forces vives par cela seul que Mr. Leibnitz (leur antagoniste declaré et condamné) les a le premier produites sur la scène. Nous savons pourtant aussi qu’il y a en Angleterre des partisans caché de la nouvelle doctrine, mais qui n’aiment pas trop lever la tête sous peine d’Ostracisme. On ne doute pas que Mr. Newton lui-même ne l’eut embrassée, si dans la vigeur de son âge, il avait eu occassion de réfléchir mûrement sur l’état de la question : mais on s’appercoit nullement qu’il y ait jamais pensé, quoiqu’on trouve quelques propositions dans les principes de la philosophie qui conduisent immédiatement à reconnaître la nature des forces vives, comme p. e. la prop. 39 du premier livre qui prouve si clairement qu’elles sont en raison doublée des vitesses du corps successivements acquises, qu’il n’en faudrait plus d'autres démonstrations pour ceux qui