Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/101

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oculaire, contre les violences, les injustices, les cruautés, qui se commettent dans les États Confédérés; et dont je n’ai cité que quelques exemples entre mille; je viens protester contre cette tentative impie, païenne, criminelle, « de l’extension et de la perpétuité de la servitude.»

Spectateur et partie dans les scènes de cette révolution, puis-je espérer que ma faible voix, pour cette fois du moins, soit entendue? Que ne m’est-il donné de parler avec autorité, du haut d’une tribune écoutée? Je m’adresserais à tous les cœurs généreux ; aux hommes qui dans tous les pays professent les idées de justice; aux grandes nations qui depuis un demi-siècle se sont résolues à des sacrifices importants, afin d’arrêter la traite des noirs.

Je leur dirais :

La question n’est plus une question de couleur, ce n’est plus le préjugé de la peau. Depuis cinquante ans que la traite est abolie légalement, l’introduction des nègres d’Afrique n’a été qu’une fraude d’infiltration. La génération actuelle des esclaves est une génération essentiellement américaine; ce n’est plus une classe de noir pur : les croisements de races l’ont mélangée. Les mulâtres d’ailleurs sont préférés aux nègres, parce qu’ils montrent généralement plus d’intelligence et plus d’adresse. Les maîtres favorisent donc les alliances, et souvent ils élèvent sans mystère, au milieu de leur ferme, leurs propres enfants, esclaves et métis, avec leurs enfants, libres et légitimes.

Dès maintenant, la moitié peut-être des esclaves est de race croisée; et l’on compte dans leurs rangs des personnes tellement blanches qu’il n’est plus possible