Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/113

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son service, je ne trouverais personne en ce moment pour aller chercher une lettre à Brownsville. (Il n’y a pas d’échange avec le service mexicain.)

Ah! mon cher S...., avec quelle satisfaction j’ai échappé à cette sphère d’oppression et de tyrannie! L’histoire de ce soulèvement impie « pour l’extension et la perpétuité de l’esclavage,» ne sera jamais écrite complètement. Nul n’a pu tout voir et tout entendre. J’en ai le cœur indigné. Quel aveuglement, quelle rage! Voilà New-Orléans pris : eh bien, pourriez-vous comprendre ce délire, vous qui vivez loin des événements? Avant de se rendre, les planteurs ont brûlé leur coton, leur sucre, leurs presses à coton à vapeur, les raffineries… Soit, c’était à eux; ils ne voulaient pas qu’on les confisquât et que leurs dépouilles allassent enrichir leurs ennemis. Mais — honte et crime, — il y en a qui ont brûlé leurs esclaves!!! Jugez par là du degré de démence ou de furie où ils étaient arrivés. Ils ont mieux aimé brûler leurs noirs que de les voir affranchir. Ceux qui se sont rendus coupables de cette atrocité, qui n’a pas de parallèle dans l’histoire, surtout en ce qu’elle ne frappe pas des ennemis ; ceux qui se sont rendus coupables de ce forfait, ont réuni les noirs inoffensifs, leur ont donné l’ordre de se renfermer dans les ateliers dont ils ont fermé les portes; puis l’incendie a fait son œuvre, pendant que les maîtres surveillaient les issues pour faire tomber sous la balle l’enfant, le vieillard, la femme, qui serait sauté d’une toiture, au péril de sa vie, pour fuir les angoisses du bûcher.

Je ne parle pas du vol des banques, dont on a porté les dépôts à l’armée. C’était, je crois, cent millions de