Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/115

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La ville est remplie de réfugiés de toute condition et de toute couleur, venus de toutes les parties du Sud. Il y a des bannis, des proscrits, des esclaves fugitifs, des volontaires qui ont abandonné le drapeau esclavagiste, etc. C’est une ville de 7 000 âmes, qui comptait déjà, comme le Cadix d’Espagne, l’une des populations les plus mêlées de l’univers. Je vous laisse à penser ce qu’elle est maintenant. L’amateur d’anthropologie pourrait y étudier à l’aise toutes les races du monde, sauf les races tartares. On y parle en ce moment les 152 langues de la société biblique, ou peu s’en faut. J’y ai même trouvé un compatriote, un Louvaniste.

Matamoros est en ruine. La tentative fomentée par le Sud pour rétablir l’esclavage au Mexique, en a fait le théâtre d’une guerre de rues qui a duré trois mois. Sur sa petite population, près de 300 bourgeois ont péri sous cette agression infâme. Mais cette population, qui a du sang indien dans les veines, est très-brave et très-attachée à la liberté.

Le combat n’avait pas cessé depuis longtemps, quand je suis arrivé à Matamoros. Il y avait plus de cent blessés à l’hôpital ; et j’ai pu voir toutes les horreurs que la guerre laisse après elle… Il s’y trouvait des nègres et des mulâtres qui s’étaient battus pour la liberté de leur race et qui me parlèrent de l’esclavage les larmes aux