Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/49

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en posant l’oreille à terre, je ne saisissais rien de distinct. L’espérance me revint. Les nègres avaient pris vers la rivière; ils n’ignoraient point qu’ils seraient suivis, qu’ils devaient effacer leurs pas. Le Rio-Blanco n’a que peu d’eau, et coule sur un fond solide. Les fugitifs auront marché dans l’eau pendant quelques heures, et les rangers, perdant leurs traces, n’auront pu découvrir l’endroit où ils en seront sortis.

Je n’ai jamais appris d’ailleurs que cette troupe de runaways eût été arrêtée. Amanda et William doivent se trouver libres, en ce moment, sur quelque point du territoire du Mexique. Je revins moi-même à San Antonio, et, après un mois de repos, je partis, dans le commencement d’août, pour une seconde campagne géologique, qui devait me conduire vers le Rio Pecos.

Cependant j’eus à peine fait cinquante lieues que je fus rappelé brusquement. L’état politique du pays devenait plus grave chaque jour; le commerce était anéanti par le blocus; toute espèce d’entreprises était suspendue. Je rentrai encore une fois dans ma petite habitation de campagne. Les Indiens, toujours plus audacieux, pillaient les fermes, le drapeau de l’Union à la main. De toute part, il n’était bruit que de meurtres, d’incendies, de déprédations; et les settlers de la frontière réclamaient en vain, du gouvernement confédéré, l’occupation des forts gardés autrefois par les troupes des États-Unis.

On finit cependant par nous envoyer quelques volontaires. Mais quelle protection attendre d’eux? Un Alsacien, père de famille, homme de bien, estimé dans son canton, résidait dans le voisinage de Fort Clarke. Ses