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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/133

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HOMÉLIE XX.


DIEU QUI DONNE LA SEMENCE A CELUI QUI SÈME, VOUS DONNERA DU PAIN DONT VOUS AVEZ BESOIN POUR VIVRE, ET MULTIPLIERA CE QUE VOUS AUREZ SEMÉ, ET FERA CROÎTRE, DE PLUS EN PLUS, LES FRUITS DE VOTRE JUSTICE. (IX, 10, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.


  • 1. Double rémunération, spirituelle, corporelle.
  • 2. L’aumône n’est pas seulement un bienfait matériel, c’est, de plus, une preuve de soumission à l’Évangile.
  • 3. Contre l’ivresse. – Éloge de l’aumône. – C’est une oblation puissante, c’est une prière qui s’élève au plus haut du ciel.


1. Là sagesse de Paul mérite surtout, ici, d’être admirée, par la raison qu’après avoir fondé ses exhortations sur les choses de l’esprit et sur les choses de la chair, il fonde pareillement ce qu’il enseigne de la rémunération, sur ces deux ordres de récompense. Ces paroles : « Il a distribué, il a donné son bien aux pauvres, sa justice demeure éternellement », se rapportent à la récompense spirituelle ; quant à celles-ci : « Et multipliera ce que vous aurez semé », elles out trait à la rémunération de la chair. Toutefois l’apôtre ne s’arrête pas là, il reprend de nouveau les biens spirituels, sans cesse il les met en opposition avec les autres, car ces paroles : « Et fera croître de plus en plus les fruits de votre justice », appartiennent à l’ordre spirituel. Ce qu’il en fait, c’est pour varier son discours, et pour déraciner de l’esprit des fidèles les pensées lâches et molles ; c’est pour dissiper, par tous les moyens, la crainte de la pauvreté, ce à quoi tend le présent exemple. En effet, si Dieu accorde à ceux qui ensemencent la terre, à ceux qui nourrissent le corps, l’abondance de tous les biens, à plus forte raison est-il magnifique pour ceux qui ensemencent le ciel, pour ceux qui prennent soin de l’âme ; car c’est de l’âme qu’il veut surtout que l’on soit occupé. Mais il n’exprime pas cette vérité sous forme de raisonnement, comme je viens de le faire, il l’énonce dans une prière, et, par ce moyen, il propose du même coup aux fidèles un raisonnement d’une parfaite clarté, et de plus grands motifs d’espérance, qui se fondent non seulement sur les faits réels, mais sur cette prière même Que Dieu donne, qu’il « multiplie », dit-il, « ce que vous aurez semé, et fasse croître de plus en plus les fruits de votre justice ». Ces paroles font voir ici à découvert la magnificence de Dieu : c’est bien là ce qu’indiquent ces mots : « Donnez » et « multipliez ». En même temps l’apôtre insinue qu’il ne faut s’inquiéter que de ce qui est nécessaire pour vivre, lorsqu’il dit : « Le pain dont vous avez besoin pour vivre ». Car voilà ce qu’il faut surtout admirer dans Paul, ce qu’il a déjà fait voir auparavant, c’est qu’il ne nous permet pas ; en ce qui concerne les nécessités de la vie, de rien chercher au-delà de ce dont nous avons strictement besoin, tandis qu’en ce qui concerne les biens spirituels, il nous exhorte à amasser d’immenses richesses.
Plus haut, il disait : « Afin qu’ayant ce qui suffit pour votre subsistance, vous possédiez abondamment de quoi exercer toutes sortes de bonnes œuvres » ; et ici : « Celui qui vous donne le pain dont vous avez besoin pour vivre, multipliera ce que vous aurez semé », c’est-à-dire, votre semence spirituelle. En effet l’apôtre ne demande pas seulement que l’on fasse l’aumône, il la veut largement. Voilà pourquoi il ne se lasse pas de l’appeler du nom de semence. De même que le grain de froment