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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/196

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PROLOGUE POUR LES HOMÉLIES SUR L’ÉPÎTRE AUX ROMAINS.

(Voir, pour l’avertissement, tome 1, page 247)

1. En entendant lire fréquemment les épîtres du bienheureux Paul, deux fois et souvent même trois et quatre fois la semaine, quand nous célébrons la mémoire des saints martyrs, d’une part je jouis de cette trompette spirituelle, je suis transporté et enflammé d’ardeur aux sons de cette voix si chère ; il me semble qu’il est là, que je le vois parler ; d’autre part, je souffre et je m’attriste en songeant que non seulement tous ne connaissent pas ce grand homme comme ils devraient le connaître, mais que quelques-uns mêmes ignorent jusqu’au nombre de ses épîtres ; et cela, non par incapacité, mais parce qu’ils ne veulent pas entretenir commerce avec ce bienheureux. Car, nous-même, ce n’est point à la pénétration de notre esprit que nous devons ce que nous en savons, si tant est que nous en sachions quelque chose, mais à l’étude assidue que nous en faisons et, à l’extrême affection que nous lui portons. En effet, ceux qui aiment connaissent mieux que les autres l’objet aimé, parce qu’ils en ont souci ; comme le Bienheureux l’indique lui-même quand il écrit aux Philippiens : « Et il est juste que j’aie ce sentiment pour  vous tous, parce que je sens que, soit dans mes liens, soit dans la défense et l’affermissement de l’Évangile, je vous porte dans mon cœur ». (Phi. 1, 7) Vous n’avez donc besoin que de vous appliquer sérieusement à la lecture ; car la parole du Christ est vraie : « Cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira ». (Mat. 7,7) Mais comme la plupart des membres de cette assemblée ont des enfants à nourrir, une femme à soigner, une maison à entretenir, et par là même ne pourraient s’adonner entièrement à ce travail ; au moins attachez-vous à profiter de ce que d’autres ont recueilli, et mettez-y autant d’empressement qu’à amasser de l’argent. Que si nous sommes honteux de vous demander si peu, qu’il vous plaise au moins de nous l’accorder.

En effet, l’ignorance des Écritures est la source de maux innombrables. De là l’affreuse peste des hérésies, de là le relâchement de la conduite, de là les travaux stériles. Car de même que des aveugles ne sauraient marcher droit, ainsi ceux qui ne jouissent pas de la lumière des