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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/242

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est riche soi-même, mais parce qu’on enrichit les autres ; comme la vie se manifeste non seulement en ce que l’on vit soi-même, mais en ressuscitant les morts ; de, même la puissance se démontre non seulement parce que l’on peut soi-même, mais parce que l’on rend la force aux faibles. Ainsi la justice se fait voir non seulement en ce que l’on est juste soi-même, mais en ce que l’on rend justes immédiatement des hommes consommés dans l’iniquité. Du reste, Paul interprète lui-même le mot « montrer », quand il ajoute : « Afin qu’il soit juste lui-même et qu’il justifie celui qui a la foi en Jésus (26) ».
3. Soyez sans défiance ; c’est de la foi non des œuvres que procède la justice. Ne fuyez point la justice de Dieu ; elle a un double avantage : elle coûte peu et elle est offerte à à tout le monde. Ne soyez point honteux, ne rougissez pas : car si Dieu montre ici son action, si, pour ainsi dire, il s’en félicite et s’en vante, pourquoi seriez-vous honteux, pourquoi rougiriez-vous de ce, dont Dieu se glorifie ? Après avoir donc relevé son auditeur en lui disant que ce qui s’est fait est la manifestation de la justice de Dieu, il presse d’autre part le lâche, le timide, d’approcher, en disant : « Par la rémission ou l’anéantissement des péchés précédents ». Voyez-vous comme il leur rappelle souvent leurs fautes ? Plus haut, il a dit : « Car par la loi, on a la connaissance du péché », puis : « Tous ont péché » ; et ici son langage est plus énergique.: En effet il ne dit pas : par les, péchés, mais : « Par l’anéantissement », c’est-à-dire par la mortification, la destruction. Car il n’y avait plus d’espoir de guérison ; comme un corps paralysé, l’âme morte avait besoin d’une main supérieure. Et ce qui est plus grave, et qu’il donne comme une circonstance aggravante, c’est que la rémission a eu lieu dans la tolérance de Dieu. Vous ne pouvez pas, leur dit-il, nier que vous ayez rencontré une grande patience et une grande bonté. Ces mots : « En ce temps », indiquent précisément cette patience et cette bonté. C’est, leur dit-il, quand nous étions désespérés, quand le moment de la sentence était venu, quand le mal était augmenté et que la mesure des péchés était comble, c’est alors que Dieu a fait éclater sa puissance pour nous apprendre à quel point la justice surabonde en lui. Si la chose eût eu lieu au commencement, elle eût paru moins étonnante, moins prodigieuse que maintenant, où tous les remèdes ont été démontrés impuissants.
« Où est donc le sujet de la gloire ? Il est exclu », dit-il. « Par quelle loi ? Des œuvres ? Non, mais par la loi de la foi (27} ». Paul fait de grands efforts pour montrer que la foi a une vertu que la loi n’eût pu même imaginer. Après avoir dit que Dieu justifie l’homme par la foi, il prend encore la loi à partie. Il ne dit pas : Où sont les bonnes actions des Juifs ? Où Sont leurs œuvres de justice ? mais : « Où est donc le sujet de gloire ? » Leur démontrant de toute manière qu’ils ne font que se vanter comme s’ils avaient plus que les autres, mais qu’ils ne produisent aucune œuvre. Et après avoir dit : « Où est donc le sujet de la gloire ? » il ne répond pas : il a disparu, il est ; détruit, mais : « Il est exclu », ce qui marque surtout l’inopportunité ; une chose qui a fait son temps. Car de même que quand l’heure du jugement arrive, il n’est plus temps de se repentir, ainsi, l’arrêt une fois prononcé, tout étant sur le point de périr, et celui qui devait guérir tous les maux par la grâce étant arrivé, ils ne pouvaient plus prétexter qu’ils se corrigeraient par le moyen de la loi. S’ils l’avaient pu, ils auraient dû le faire avant la venue du Christ ; mais celui qui sauve par la loi étant arrivé, le temps des combats était passé ; et comme tout était convaincu d’impuissance, il procure le salut par la grâce. Il est venu maintenant pour qu’on ne dise pas comme, on l’aurait dit s’if était venu dès le commencement, qu’on aurait pu se sauver au moyen de la loi par ses propres efforts et ses propres mérites. Pour ôter ce prétexte à ces bouches impudentes, il a tardé longtemps, de manière à sauver par sa grâce, quand il a été démontré clairement et de toutes les manières que les hommes ne pouvaient se suffire à eux-mêmes. Aussi après avoir dit plus haut : « Pour montrer sa justice. », il a ajouté : « En ce temps », s’il en est qui disent le contraire, ils ressemblent à un grand criminel qui, n’ayant pu se justifier devant le tribunal, aurait été condamné et sur le point de subir son supplice, et qui après avoir été gracié par la bonté du roi, devenu libre, se vanterait impudemment de n’être pas coupable. Il fallait démontrer son innocence, avant d’être gracié ; plus tard, il n’est plus temps de se glorifier. C’est le cas des Juifs. Comme ils s’étaient perdus