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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/32

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4. Quelle est donc cette parole ? « Le Fils de Dieu qui vous a été annoncé par nous, par Silvain, Timothée et moi, n’a pas été oui et non (19) ». Il met en avant, les prédicateurs eux-mêmes, pour donner plus de crédit à son témoignage, et pour l’appuyer sur les maîtres aussi bien que sur les disciples. Or, Timothée et Silvain étaient eux-mêmes disciples de l’apôtre ; c’est par modestie qu’il les élève au rang des maîtres. Que signifient ces paroles : « Le Fils de Dieu n’a pas été oui et non ? » Il veut dire : Je n’ai pas renversé ce qu’auparavant je vous avais annoncé dans mes prédications ; je ne vous ai pas dit tantôt une chose, tantôt une autre : ce n’eût plus été la foi de l’Évangile ; mais la marque d’une âme qui s’aventure au hasard. « Mais le oui est en lui ». C’est-à-dire, ma parole n’a pas varié ; elle demeure ferme et immuable. « Toutes les promesses de Dieu sont en lui OUI et en lui AMEN, pour la gloire de Dieu par notre organe (20) ». Qu’est-ce à dire : « Toutes les promesses de Dieu ? » La prédication de l’Évangile faisait de nombreuses promesses ; et c’étaient les apôtres qui annonçaient l’Évangile et faisaient ces promesses. Ils avaient parlé de la résurrection, de l’assomption des corps désormais incorruptibles, des récompenses éternelles et de ces biens mystérieux du ciel. Or, toutes ces promesses, l’apôtre les déclare fermes et immuables : le « oui » et le « non » ne s’y succèdent point ; ce qui signifie : Ce que je vous ai dit n’est pas tantôt vrai, tantôt faux, comme la promesse que je vous faisais d’aller vous voir ; mais ce que je vous ai prêché demeure toujours vrai. Il l’affirme d’abord des dogmes de la foi et de son enseignement sur Jésus-Christ : Ma parole, dit-il, et ma prédication n’ont pas été tour à tour « oui et non » ; ensuite il l’affirme des promesses : « Toutes les promesses de Dieu », dit-il, « sont en lui OUI ». Si les promesses de Dieu sont sûres, s’il n’est pas douteux qu’il donne ce qu’il a promis, à plus forte raison Dieu lui-même et la parole qui le concerne sont-ils immuables et sûrs ; et l’on ne peut pas dire que tantôt il est d’une manière, tantôt d’une autre : non, il est toujours, et toujours le même.
Que veulent dire ces mots : « Sont en lui OUI et en lui AMEN ? » Ils expriment ce qui doit arriver nécessairement. C’est par Jésus-Christ, et non point par la puissance dé l’homme que doivent se réaliser ces promesses. N’ayez donc aucune crainte : s’il s’agissait d’un homme, vous pourriez hésiter ; mais c’est Dieu lui-même qui a parlé, et il tiendra sa parole. « Pour la gloire de Dieu par nous ». Qu’est-ce à dire ? C’est par nous qu’il les accomplit, c’est-à-dire, par les bienfaits qu’il nous accorde en vue dé sa gloire. Mais si Dieu a en vue sa propre gloire, nul doute qu’il ne tienne ses promesses. Quand même il dédaignerait de nous sauver, il ne, peut cependant mépriser sa gloire. Mais d’ailleurs n’est-il pas tout plein de, miséricorde envers nous ? Notre salut n’est-il pas lié très-intimement à sa gloire, puisque notre salut le glorifie ? Si donc la gloire de Dieu dépend de ses promesses, notre salut est infaillible. C’est la même pensée qu’il reproduit sans cesse dans son épître aux Éphésiens, quand il dit, par exemple : « Pour l’augmentation de sa propre gloire ». (Eph. 1,14) Et cette pensée si souvent répétée a pour but de prouver l’infaillibilité des divines promesses. C’est encore ce que l’apôtre se propose en cet endroit : Les promesses de Dieu, non seulement nous procurent le salut, mais encore elles servent à le glorifier. Ne vous dites doit plus : ces promesses nous viennent de l’apôtre, et c’est pourquoi nous devons nous en défier. Ce n’est pas nous qui les réaliserons, mais Dieu lui-même. Elles viennent de lui ; ce n’est pas nous qui avons promis, mais Dieu lui-même.
« Or, celui qui nous confirme, avec vous dans le Christ, celui qui nous a oints, c’est Dieu ; et il nous a marqués de son sceau, et il nous a donné un gage par l’Esprit-Saint qu’il a répandu dans nos cœurs (21,22) ». Le passé est encore ici garant de l’avenir. Si en effet c’est Dieu qui nous confirme dans le Christ, c’est-à-dire, s’il ne permet pas que notre foi soit ébranlée, s’il nous a oints lui-même, s’il a répandu son Esprit dans nos cœurs, comment ne nous donnera-t-il pas les biens à venir ? Ces premières grâces, la foi en Dieu, la réception de l’Esprit-Saint, ne sont-elles pas comme la racine, le fondement, la source des autres ? Comment donc ne nous donnerait-il pas les biens qui en sont la conséquence ? Si en effet les bienfaits qui précèdent ne nous sont accordés qu’en vue d’autres bienfaits qui doivent suivre, Dieu qui nous a accordé les premiers, nous accordera aussi les seconds. Il nous a comblés de faveurs, quand nous étions ses ennemis ; maintenant que nous sommes