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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/366

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afin que la main fasse l’aumône, que la bouche rende bénédictions pour malédictions, que l’oreille s’applique avec assiduité à entendre la parole de Dieu. Car l’hostie ne doit rien avoir d’immonde, elle forme les prémices de tout le reste. Offrons donc à Dieu les prémices de nos mains, de nos pieds, de notre bouche et de tout le reste ; cette hostie plaira à Dieu, autant que celle des Juifs était impure à ses yeux. « Car », est-il écrit, « leurs hosties sont pour eux le pain de l’affliction ». (Os. 9,4) Il n’en est pas ainsi de la nôtre. L’hostie judaïque présentait un corps mort ; la nôtre rend vivant ce qui est immolé. Car c’est en mortifiant nos membres que nous pouvons vivre ; c’est la nouvelle loi du sacrifice ; c’est pourquoi l’espèce de feu qu’on y emploie paraît extraordinaire Il n’y a plus besoin die bois ni de matière inflammable ; notre feu consume de lui-même, il ne dévore pas la victime ; il la fait vivre. C’était le genre de sacrifice que Dieu demandait autrefois ; aussi le prophète disait-il : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un cœur contrit ». (Ps. 50) C’était aussi celui qu’offraient les trois enfants dans la fournaise : « Il n’y a ni prince, ni prophète, ni lieu propres à demander et à obtenir miséricorde ; mais recevez de nous un cœur contrit et un esprit humilié ». (Dan. 3,38-39)
Et voyez quelle exactitude dans chacun des termes de Paul ! Il ne dit pas : Faites de vos corps une hostie, mais : « Offrez », comme s’il, disait : Vous n’avez plus rien de commun avec vos corps ; vous les avez livrés à un autre. Ceux qui livrent des chevaux de bataille, n’ont plus rien de commun avec eux. Vous avez livré vos membres pour la guerre qui se fait au démon, pour cette lutte terrible ; ne les retirez donc plus pour vos usages personnels. Par là, Paul nous enseigne encore une autre chose c’est que, si on veut les offrir, il faut les offrir éprouvés. Car ce n’est pas à un homme que nous les offrons, mais à Dieu, le Roi de l’univers ; ni pour un simple combat, mais pour être montés par Dieu même. En effet, Dieu ne dédaigne pas d’avoir nos membres pour monture, il le désire même vivement ; ce que ne voudrait pas un roi, serviteur comme nous, le Maître des anges s’y résout volontiers. Mais puisque vous devez les lui présenter, et qu’ils sont une hostie, enlevez-en toute tache ; car s’ils en gardent, ils ne sont plus une hostie. Ainsi l’œil qui s’est fixé sur une prostituée, ne peut plus être immolé ; on ne peut plus offrir une main souillée par le vol ou l’avarice, des pieds qui boitent et montent au théâtre, un ventre esclave du plaisir et qui allume la flamme des passions et des voluptés, un cœur livré à la colère ou aux amours impudiques, un langage qui profère des paroles honteuses.
2. Il faut donc veiller soigneusement à ce que notre corps soit sans tache. Car si l’on exigeait de ceux qui offraient les anciennes hosties les précautions les plus minutieuses, et ils ne pouvaient offrir aucune victime qui eût les oreilles coupées, la queue mutilée, qui fût atteinte de gale ou de dartre ; à bien plus forte raison nous qui n’offrons pas des animaux stupides, mais nos propres personnes, devons-nous être attentifs, et nous présenter parfaitement purs, pour pouvoir dire aussi comme Paul : « Car, pour ce qui me regarde, on a déjà fait des libations sur moi, et le temps de ma dissolution approche ». (2Tim. 4,6) Il était en effet plus pur que quelque hostie que ce fût ; voilà pourquoi il se donnait à lui-même le nom de libation. Or, il en sera ainsi de nous, si nous détruisons le vieil homme, si nous mortifions nos membres terrestres, si nous crucifions le monde en nous. Pour cela nous n’avons besoin ni de glaive, ni d’autel, ni de feu ; ou plutôt il noua les faut, mais non faits de main d’homme. Tout nous viendra d’en haut, le feu et l’épée ; et l’autel, ce sera l’étendue du firmament. Si, quand Élie offrait une hostie visible, une flamme descendue du ciel consuma tout, l’eau, le bois, les pierres mêmes ; à bien plus forte raison vous en arrivera-t-il autant. Si vous avez encore quelque chose de mou et de charnel, mais que vous présentiez l’hostie avec un cœur droit, le feu de l’Esprit descendra, consumera tout cela et achèvera le sacrifice. Mais qu’est-ce qu’un culte raisonnable ? Le ministère spirituel, une vie selon le Christ. De même que celui qui exerce une fonction dans la maison du Seigneur et y sacrifie, quel qu’il soit d’ailleurs, se contient et prend une attitude plus grave ; ainsi devons-nous être toute notre vie, nous qui servons Dieu et lui offrons des sacrifices. Et c’est ce qui arrivera si vous lui immolez chaque jour des victimes ; si, en qualité de prêtre, vous lui présentez l’offrande de votre corps et de la vertu de votre âme : par exemple, si vous lui offrez la chasteté, l’aumône ; la douceur, la patience à supporter le mal. Par là vous offrirez un