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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/415

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malédiction, apaisé la colère de Dieu, a rendu capables désormais de recevoir les effets de la promesse ceux qui devaient les recevoir après avoir été affranchis de leurs offenses. L’apôtre ne veut pas que les judaïsants puissent dire : Comment se fait-il que le Christ ait été circoncis, ait observé toute la loi ? Il tourne cette objection contre ceux qui la font. Ce n’est pas, dit l’apôtre, pour affermir la loi, c’est pour en finir avec la loi, que le Christ s’est soumis à la circoncision ; c’est pour vous arracher à la malédiction qui pesait sur vous, c’est pour vous affranchir tout à fait de la domination de cette loi. C’est parce que vous l’aviez transgressée, qu’il a voulu l’accomplir tout entière ; ce n’est pas pour vous la faire accomplir vous-mêmes, c’est, au contraire, pour assurer l’accomplissement des promesses faites à vos pères, et dont vous étiez déchus, votre infraction à la loi vous ayant rendus indignes de cet héritage ; d’où il résulte que, vous aussi, vous avez été sauvés par grâce, car vous étiez rejetés. Donc cessez de faire des divisions, des disputes, de vous tenir si mal à propos attachés à la loi qui vous aurait fait déchoir de la promesse, si le Christ n’avait pas, pour vous, tant souffert. Ces souffrances, le Christ les a endurées, non que vous eussiez mérité d’être sauvés, mais pour faire reconnaître la véracité de Dieu.
Maintenant, l’apôtre ne veut pas que ces réflexions donnent de l’orgueil aux gentils : « Quant aux gentils ils doivent glorifier Dieu de sa miséricorde (9) ». Ce qui veut dire Les Juifs ont reçu, quoiqu’ils fussent indignes, les effets de la promesse ; mais vous, vous n’aviez pas même reçu de promesse, et c’est un pur effet de la bonté de Dieu qui vous a sauvés. Sans doute les Juifs n’auraient rien eu de plus que les autres, quelle que fût la promesse, si le Christ n’était venu sur la terre : toutefois l’apôtre veut modérer l’orgueil des gentils ; il ne veut pas qu’ils s’élèvent contre les faibles, c’est pourquoi il rappelle les promesses : pour les gentils, il leur dit que c est à la seule miséricorde qu’ils doivent leur salut ; de là, pour eux, une raison plus forte de glorifier Dieu. Or, la gloire de Dieu, c’est l’union qui nous rassemble, qui fait que nous le célébrons tous d’un seul et même cœur, que nous soutenons le faible, que nous ne méprisons pas le membre brisé, séparé de nous. L’apôtre montre ensuite les témoignages qui prouvent que les Juifs fidèles doivent s’unir aux fidèles d’entre les gentils : « Selon qu’il est écrit : « C’est pour cela que je vous louerai, Seigneur, parmi les nations, et que je chanterai un cantique à la gloire de votre nom. (Ps. 17,49) Et l’Écriture d ! t encore : Réjouissez-vous, nations, avec son peuple ; et ailleurs : Nations, louez le Seigneur ; peuples, glorifiez-le tous. (10, 11 ; Ps. 116,1) Et « Il sortira de la tige de Jessé un rejeton, qui s’élèvera pour régner sur les nations, et les nations espéreront en lui ». (12 ; Is. 11,10) Tous ces témoignages, l’apôtre les produit, pour montrer qu’il faut s’unir et glorifier Dieu, et en même temps pour rabaisser le Juif et l’empêcher de s’élever contre le gentil, appelé par tous les prophètes ; et l’apôtre, du même coup, exhorte le gentil à une foi modeste, en lui montrant qu’il doit à Dieu une plus grande reconnaissance.
2. Vient ensuite encore une prière : « Que le Dieu d’espérance vous comble de joie et de paix, dans votre foi, afin que votre espérance abonde par la vertu du Saint-Esprit (13) » ; c’est-à-dire, afin que vous soyez affranchis de vos discordes, et que les tentations ne vous abattent jamais ; vous en triompherez, si l’espérance abonde en vous. Voilà la cause de tous les biens. Voilà ce qui nous viendra du Saint-Esprit, non sans condition de la part du Saint-Esprit, mais à la condition que nous ferons tout ce qui dépend de nous ; voilà pourquoi l’apôtre dit aussi : « Dans votre foi » : voulez-vous être remplis de joie, montrez votre foi, montrez votre espérance. L’apôtre ne dit pas : afin que vous espériez, mais : « Afin que votre espérance abonde » : c’est-à-dire, de manière que vous trouviez, non seulement la consolation de vos maux, mais la joie que procure l’abondance de la foi et de l’espérance. Car c’est par là que vous attirerez l’Esprit sur vous ; c’est par là qu’avec son assistance, vous conserverez tous les biens. De même que la nourriture soutient notre vie, et que c’est la vie qui distribue la nourriture, de même si nous avons les bonnes œuvres, nous aurons l’Esprit ; et si nous avons l’Esprit, nous aurons les bonnes œuvres : et de même, l’inverse est également vrai, si nous n’avons pas les œuvres, l’Esprit nous échappe aussi. Que nous perdions l’appui de l’Esprit, aussitôt nous clochons dans les œuvres : une fois en effet que l’Esprit se retire, l’impur arrive. Saül en est un exemple évident.