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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/460

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fût plus complète et plus distincte. Voyez-vous tout ce qu’il a fait ? Il a ressuscité le Christ ; c’est peu. Voyez encore : Il l’a fait asseoir à sa droite. Quel discours peut représenter cela ? Celui qui était né de la terre, plus muet que le poisson ; qui avait été le jouet des démons, il l’élève aussitôt dans les cieux. En effet, la grandeur de sa puissance est suréminente.

Et considérez où il l’a élevé ? Dans les cieux, au-dessus de toute nature créée, par-delà toute puissance et toute principauté. « Encore au-dessus de toute principauté ». Vraiment il est besoin de l’Esprit, il est besoin d’une pensée sage pour le connaître ; vraiment il est besoin d’une révélation. Songez quel intervalle il y a entre l’homme et la nature de Dieu : De cette bassesse il l’a fait monter à ces honneurs ; il ne s’est pas borné à lui faire franchir un, deux ou trois degrés. Mais quoi ! il ne dit pas seulement : « Au-dessus », mais : « Encore au-dessus ». Car Dieu est plus haut que les puissances d’en haut. C’est donc là qu’il a élevé celui qui sortait du milieu de nous. Du dernier degré, il l’a porté à la suprême puissance, après laquelle il n’y a plus de dignité. « De toute principauté », dit-il, non de telle ou telle, mais de toutes. « De toute principauté, de toute puissance, de toute vertu, de toute domination et de tout nom qui est nommé ». Tout ce qui est dans le ciel est au-dessous de lui. Ceci est dit de celui qui fut ressuscité d’entre les morts : ce qui doit exciter la surprise. Du Dieu Verbe, aucunement. Ce que sont les moucherons à l’égard des hommes, toute la création l’est à l’égard de Dieu. Et que dis-je, les moucherons ? Si tous les hommes seront comptés comme de la salive, s’ils ont été comptés comme le plus petit des poids qu’on met dans la balance, ce sont les puissances invisibles qu’il faut assimiler à des moucherons. Paul n’a donc pas parlé ainsi du Dieu Verbe, mais de celui qui est sorti d’entre nous : chose vraiment grande et merveilleuse. Il l’a pris au dernier étage de la terre pour l’élever. Si toutes les nations sont comme une goutte, quelle fraction de goutte sera donc un seul homme ? Néanmoins Dieu l’a élevé au-dessus de tous, non seulement dans ce siècle, mais encore dans le siècle futur. — Il y a donc des puissances qui portent des noms obscurs pour nous et inconnus.

« Et il a mis toutes choses sous ses pieds ». Il ne l’a pas seulement mis plus haut, afin qu’il jouît de la prééminence ; il n’a pas procédé par comparaison, il a voulu qu’il les dominât comme le maître domine ses serviteurs. Ah ! Quelles choses redoutables ! Toute puissance créée est devenue servante de l’homme, à cause de l’incarnation du Dieu Verbe. On peut se figurer quelqu’un qui ait seulement des inférieurs, mais non des sujets. Ici il n’en est pas de même, tout a été mis sous ses pieds ; c’est-à-dire au plus bas degré au-dessous duquel il n’y a rien. « Sous ses pieds, et il l’a établi chef sur tout dans l’Église ». À quelle hauteur il porte maintenant l’Église ! Comme s’il la tirait au moyen d’une machine, il l’élève à la plus grande hauteur, et la fait asseoir sur ce trône sublime ; car où est le chef, là est aussi, le corps, puisque la tête et le corps sont immédiatement unis. « Sur tout ». Ou bien cela signifie que le Christ est au-dessus de toutes choses, visibles ou invisibles ; ou bien que par-dessus tous ses bienfaits il a donné son Fils pour chef. Ce n’est pas un ange, ce n’est pas un archange, ni une puissance plus élevée qu’il a envoyée ici-bas. — Et ce n’est pas seulement en élevant ce qui sortait d’entre nous qu’il nous a honorés ; c’est encore en faisant que toute l’espèce le suivît, s’attachât à lui, l’accompagnât : « Qui est son corps ».

Afin qu’en entendant ce mot chef, vous ne songiez pas seulement à la primauté, mais encore à la solidité et à l’union ; afin que cette expression ne vous représente pas seulement un dominateur, mais encore la tête d’un corps, il parle ensuite du « Complément de celui qui se complète entièrement dans tous ses membres ». Comme si ce qui précède ne suffisait pas pour montrer le rapport et la parenté, que dit-il ? Que l’Église est le complément du Christ. En effet, le corps est le complément de la tête, et la tête le complément du corps. Voyez quel ordre exact suit Paul, et comment il n’épargne aucune parole pour exprimer la gloire de Dieu. « Complément », dit-il, complément pareil à celui que forme le corps par rapport à la tête. En effet, la réunion des membres forme le corps, et il n’en est pas qui ne lui soit nécessaire. Voyez comment il montre cette nécessité de tous les membres. Si nous n’étions pas nombreux, si l’un n’était pas la main, l’autre le pied, l’autre tel autre organe, le corps ne serait pas complet. Il faut donc que rien ne manque pour que son corps