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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/608

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loi, et que tu crains aussi de renoncer à ses formules écrites. Tu n’hésiterais pas à laisser la loi de côté, si tu ne regardais la foi comme sans force, et impuissante à nous sauver toute seule. Si tu trembles à l’idée de ne pas observer le sabbat, c’est que tu crains la loi comme si elle avait encore aujourd’hui la même autorité. Eh bien, si la loi est encore nécessaire, ce n’est pas une partie, ce n’est pas une seule, ce sont toutes ses prescriptions qu’il faut observer, et si on les observe toutes, on n’est plus justifié par la foi. Si tu observes le sabbat, pourquoi ne te fais-tu pas circoncire ? Et si tu te soumets à la circoncision, pourquoi ne pas faire de sacrifices sanglants ? à observer la loi, il faut l’observer tout entière ; et s’il n’est pas indispensable de l’observer tout entière, il n’est pas nécessaire non plus de l’observer en partie. Si tu crains d’avoir à rendre compte de ta conduite, parce que tu n’auras pas observé une partie de la loi, combien plus dois-tu craindre si tu ne l’observes pas dans tous ses détails ! Si l’on n’est pas puni pour la transgresser entièrement, on le sera bien moins pour ne la transgresser qu’en partie, et si l’on est puni pour la violer en partie, on le sera bien davantage pour la violer tout entière. D’un autre côté, s’il est nécessaire d’observer, il est nécessaire aussi ; ou que nous cessions d’écouter le Christ, ou, si nous écoutons le Christ, que nous transgressions la loi. Si l’on doit rester fidèle à la loi, ceux qui ne lui sont pas fidèles la transgressent, et il se trouvera que l’auteur de cette désobéissance est Jésus-Christ, car il a détruit lui-même la loi en ce qui concerne ces pratiques, et a de plus donné ordre aux autres d’en faire autant.
7. Voyez-vous où en arrivent ceux qui se soumettent aux pratiques des Juifs ? Jésus-Christ, qui devrait être l’auteur de leur justification, devient ainsi l’auteur de leur péché, comme nous le fait entendre Paul quand il dit : « Jésus-Christ serait donc ministre du péché ». Ensuite, après avoir poussé ce raisonnement jusqu’à l’absurde, et n’ayant pas besoin d’une nouvelle argumentation pour rétablir la vérité, il se contente de dire : « Ce qu’à Dieu ne plaise ! » Car, coutre les choses par trop absurdes et révoltantes, il n’est pas besoin de faire effort de logique, une simple exclamation de dégoût suffit. « Car, si je rétablissais de nouveau ce que j’ai détruit, je me ferais voir moi-même prévaricateur (18) ». Voyez l’habileté de Paul. Ses adversaires voulaient prouver que celui qui n’observe pas la loi, la transgresse, et lui, retournant leurs arguments contre eux, prouve que celui qui observe la loi renonce non seulement à la foi, mais encore à la loi elle-même. En disant : « Si je rétablissais de nouveau ce que j’ai détruit », il fait allusion à la loi. Le sens de ses paroles, le voici : La loi a cessé d’exister, et nous l’avons reconnu nous-mêmes par l’abandon que nous avons fait de quelques-unes de ses pratiques, et en recourant à la foi pour nous sauver. Si donc nous nous efforçons de la rétablir, nous sommes infidèles par cela seul que nous voulons observer des pratiques abolies par Dieu lui-même. Ensuite il montre comment s’est opérée – leur abolition. « Car pour moi je suis mort à la loi de par la « loi (19) » Il y a deux choses à considérer dans cette expression : ou bien Paul parle de la loi de grâce, terme qui lui est habituel, comme dans ce passage : « La loi de l’Esprit de vie m’a rendu la liberté » (Rom. 8,2), ou bien ici il pense à l’ancienne loi, et démontre que c’est par un effet de cette loi même qu’il est, mort à la loi. C’est-à-dire : c’est la loi elle-même qui m’a induit à ne plus lui rester attaché. Si donc j’allais lui redevenir fidèle, je lui serais infidèle par cela même. Comment et de quelle manière ? – Voici la réponse de Moïse : « Le Seigneur votre Dieu suscitera un prophète d u milieu de vos frères, et vous l’écouterez comme moi-même » (Deut. 18,15) il parlait de Jésus-Christ. Ainsi donc ceux qui ne lui obéissent pas, transgressent la loi. Il nous faut encore examiner sous un autre point de vue cette expression : « Je suis mort à la loi de par la loi ». La loi ordonne de faire tout ce qui est écrit dans le livre où elle est contenue, et elle frappe d’un châtiment celui qui y manque. Nous sommes donc tous morts pour elle, nous qui ne l’avons pas exactement pratiquée. Et voyez avec quelle réserve il se met ici en lutte avec elle : il n’a pas dit : « La loi est morte pour-moi », mais : « Je suis mort pour elle ». Voici ce qu’il veut dire : si celui qui est mort ne peut se conformer aux prescriptions de la loi, il en est de même de moi qui suis mort par suite de la malédiction de la loi : malédiction qui entraîne la mort pour celui qui en est l’objet. Qu’elle ne s’impose donc plus à un mort dont elle-même a prononcé la condamnation, le