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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/72

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l’accable de maux. « Mais l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour ». Et comment se renouvelle-t-il ? Par la foi, par l’espérance, par la ferveur de l’âme. Il faut donc se montrer intrépide en face du danger. Plus le corps est tourmenté, plus aussi l’âme conçoit d’espérance, plus elle a de splendeur, semblable à l’or éprouvé par le feu. Voyez comme il fait disparaître les afflictions de la vie présente ! « Ces tribulations si légères, ces tribulations d’un moment, produisent en nous un poids éternel, excessif de gloire, si nous portons nos regards non sur les choses qui se voient, mais sur celles qui ne se voient pas (17, 18) ». Tout se ramène donc à l’espérance ; déjà dans l’épître aux Romains il disait : « C’est par l’espérance que nous avons été sauvés ; or l’espérance de ce que l’on voit n’est pas une espérance ». (Rom. 8,24) C’est la même pensée qu’il exprime ici, quand il compare le présent à l’avenir, les biens éphémères avec les biens éternels, des avantages si minces avec d’autres si considérables, la tribulation avec la gloire. Mais il ne s’en tient pas là, il ajoute une expression qu’il répète pour lui donner plus de force : « excessif jusqu’à l’excès ». Ensuite il fait voir comment de telles afflictions deviennent légères. Et qu’est-ce donc qui les allège ? « C’est que nous portons nos regards, non sur des choses qui se voient, mais sur celles qui ne se voient pas ». C’est ainsi que les maux présents nous deviendront légers, et les biens futurs, immenses, si nous nous détournons des choses visibles : « Car ce que l’on voit ne dure qu’un instant ». Ce que l’on voit, ce sont les afflictions. « Mais ce que l’on ne voit pas est éternel ». Or les célestes couronnes sont invisibles. L’apôtre ne dit pas : telles sont les tribulations, mais « ce qui se voit », qu’il s’agisse des supplices ou du repos. Il ne faut donc ni se laisser amollir par le repos, ni se laisser abattre par les tribulations. En parlant des biens futurs, il ne dit pas non plus : Le royaume des cieux est éternel ; mais, « ce qui ne se voit pas est éternel », qu’il s’agisse du royaume des cieux ou des châtiments.
Il faut donc trembler à la pensée des châtiments, et aspirer à la récompense. Oui, puisque les biens qui se voient sont éphémères, puisque ceux qui ne se voient pas sont éternels, portons nos regards vers ceux-ci. Serions-nous excusables de donner aux premiers la préférence ? Le présent peut être agréable, mais il passe ; les peines qui succèdent à ces jouissances ne finiront jamais, ne seront jamais adoucies. Et comment Dieu ferait-il grâce à ces hommes qui, après avoir reçu le Saint-Esprit et ses dons ineffables, s’appliquent aux choses de ce inonde et se laissent tomber à terre ? J’entends trop souvent prononcer ces ridicules paroles : Donnez-moi la journée présente, et prenez pour vous celle du lendemain. S’il y a une vie future, comme vous le dites, ce sera donner un pour un ; s’il en est autrement, ce sera donner deux pour rien. Quoi de plus criminel, quoi de plus insensé que ce langage ? Il s’agit du ciel etde ses biens infinis : et vous citez des paroles qui se crient dans les cirques, et vous ne vous voilez pas le visage, et vous ne rougissez pas de ressembler aux fous qui les prononcent ? Quoi ! vous ne rougissez pas d’être cloués, pour ainsi dire, aux choses de la terre ! Vous ne sortirez pas de cette démence, de cet égarement, vous ne cesserez pas de délirer, comme des enfants ! Que les gentils parlent de là sorte, je ne m’en étonne point ; mais de la part des chrétiens, est-ce excusable ? Vous révoquez donc en doute ces immortelles espérances ? Vous les tenez donc pour incertaines ? Encore une fois êtes-vous excusables ? – Mais, dites-vous, qui est venu de l’autre monde nous dire ce qui s’y passe ? – Ah ! Ce n’est pas un homme, vous répondrai-je ; c’est Dieu lui-même, dont vous ne pouvez récuser le témoignage ; oui, c’est Dieu qui vous a révélé toutes ces choses. – Mais vous ne les voyez pas ! – Et Dieu, le voyez-vous ? Quoi donc, nierez-vous son existence, sous prétexte que vous ne le voyez pas ? – Certes, répliquez-vous, je crois bien que Dieu existe.
3. Un infidèle vous demande : qui donc est venu du ciel vous annoncer cette vie future ? Que lui direz-vous ? – D’où savez-vous que Dieu existe ? – L’ordre visible de cette création, l’univers lui-même, le consentement général nous le disent assez. – Je vous tiendrai le même langage au sujet du jugement. – Comment cela?-. le vous interrogerai et vous répondrez. – Dieu est-il juste, et rend-il à chacun selon son mérite ? Ou bien au contraire veut-il que les méchants soient dans le, bonheur et lus délices, et que les bons soient malheureux ? – Non certes, direz-vous ; les hommes mêmes ne le souffriraient pas. – Mais ceux qui souffrent ici-bas, où trouveront-