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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/99

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maux, qui a fait le diable ce qu’il est depuis sa chute. Une autre racine des maux, c’est l’avarice, et où se trouve-t-elle d’ordinaire ? Est-ce chez le riche ou chez le pauvre ? Chez le riche, sans aucun doute. Plus on a de richesses, en effet, plus on veut en avoir. Après ces deux vices, vient la vaine gloire, qui ruine un si grand nombre de vertus. Et combien le riche n’est-il pas exposé à la vaine gloire !
Mais vous ne dites rien des inconvénients de la pauvreté ? Vous ne parlez ni de l’affliction ni des angoisses qui en sont les conséquences. – Mais le riche n’en est pas exempt ; au con-, traire, il y est sujet plus encore que le pauvre. Ainsi donc les inconvénients qui semblent être le partage du pauvre, se font sentir tout aussi bien au riche ; et les inconvénients des richesses sont le partage exclusif de celui qui les possède. – Mais, direz-vous encore, la misère du pauvre lui fait commettre, bien des crimes ? – Eh bien ! il n’est point de pauvre qui par suite de ses besoins commette autant de crimes que les riches pour ne rien, perdre de leurs immenses richesses. Le pauvre désire-t-il le nécessaire avec autant d’avidité que le riche désire le superflu ? A-t-il autant de moyens d’exercer sa scélératesse ? Le riche qui désire davantage et qui peut davantage, accomplira, donc bien évidemment plus d’actions criminelles. Le pauvre redoute moins la faim que le riche ne tremble de perdre ses biens, qu’il ne se désole de ne point posséder à lui seul toutes les richesses. Exposé, comme il l’est à la vaine gloire, à l’orgueil, à l’avarice, source de tous les maux, quel espoir de salut lui reste-t-il, s’il ne fait preuve d’une sagesse supérieure ? Comment pourra-t-il marcher dans la voie étroite ? Puisqu’il en est ainsi, ne nous en tenons plus à l’opinion du vulgaire, voyons les choses en elles-mêmes. Quand il s’agit d’une somme d’argent, nous ne nous en rapportons pas à d’autres, nous voulons compter nous-mêmes ; s’agit-il au contraire de trancher une question, vite nous nous laissons entraîner par l’opinion, quand cependant nous avons une balance, fine règle certaine, la parole de Dieu lui-même. Quoi de plus absurde ? Je vous en conjure donc, ne, vous occupez point de ce que pense celui-ci ou celui-là ; consultez les saintes Écritures ; apprenez d’elles quelles sont les vraies richesses, puis mettez toute votre ardeur à les rechercher, afin de jouir des biens éternels. Puissions-nous tous y parvenir par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ auquel, avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, honneur, puissance, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.