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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/240

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DEUXIÈME HOMÉLIE.


Contre les Manichéens et tous ceux qui calomnient l’Ancien Testament et le séparent du Nouveau, et sur l’aumône.

ANALYSE.


1° Résumé de la dernière homélie. – 2° L’antienne loi et la nouvelle sont du même législateur, du même Dieu. – 3° ces deus lois sont différentes, mais non pas opposées.— 4° Jérémie montre clairement qu’il n’y a qu’un Dieu pour l’Ancien et le Nouveau Testament. Contre les Juifs et les sectateurs de Samosate, son témoignage est décisif. – 5° Abraham eut deux fils, un de la servante, l’autre de la femme libre. C’est une allégorie, ce texte, admis par les Manichéens, les condamne. – 6° Les deux épouses d’Abraham figurent les deux testaments. Elles n’ont qu’un époux ; donc aussi les deux testaments n’ont qu’un même Dieu. – 7° -10° Exhortation à la pratique de l’aumône.

1. Je vous dois depuis longtemps l’explication des paroles de l’Apôtre. Peut-être mon retard vous a-t-il fait oublier cette dette, mais je n’ai pas oublié mon affection pour vous, car tel est l’amour : il veille et s’inquiète. Et non seulement ceux qui aiment portent partout dans leur cœur ceux qu’ils aiment, mais ils se souviennent de leurs promesses plus que ceux qui en doivent recevoir l’accomplissement. Ainsi une tendre mère conserve les débris d’un festin pour ses enfants ; ils oublient peut-être, mais elle s’en souvient, leur sert ces reliefs qu’elle a gardés avec soin, et rassasie leur faim. Que si les mères ont pour leurs enfants pareille tendresse, nous devons vous prouver notre amour par une sollicitude plus soigneuse encore et plus attentive, car la parenté spirituelle est plus forte que la parenté selon la chair ; Quel est donc le festin dont nous vous avons conservé les restes ? C’est la ; parole de l’Apôtre, qui nous a déjà fourni la nourriture spirituelle en abondance, et dont nous avons déposé une partie dans vos âmes en réservant l’autre pour aujourd’hui, afin de ne pas fatiguer votre mémoire par de trop longs discours. Quelle est cette parole ? Parce que nous avons le même esprit de foi, selon qu’il est écrit : J’ai cru c’est pourquoi j’ai parlé ; et nous aussi nous croyons, et c’est pourquoi nous parlons. (2Co. 4,43) De quelle foi est-il question ? De celle qui opère les miracles, et dont le Christ a dit : Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi, et elle se transporterait ? (Mat. 17,19) ou de celle qui nous donne la connaissance et qui fait de nous des fidèles. Pourquoi ? l’Apôtre a-t-il dit l’Esprit de foi et ce qu’est cette foi ? Ce sont toutes choses que je vous ai expliquées selon mes forces, en vous parlant de l’aumône en même temps. J’avais encore à chercher le sens de ce mot : le même Esprit de foi, mais la longueur de mon discours me défendait d’examiner à fond cette parole ; c’est pourquoi je la réservai pour ce jour, et je suis venu payer ma dette. Pourquoi donc l’Apôtre a-t-il dit : le même Esprit de foi ? C’est pour montrer l’intime-union de l’Ancien Testament et du Nouveau. Il nous remet en mémoire une prophétie, en disant : Parce que nous avons le même esprit de foi, et en ajoutant : Selon qu’il est écrit. J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. (Psa. 115,10) Cette parole, David l’avait autrefois prononcée ; Paul la répète aujourd’hui pour montrer que c’est par la même grâce du Saint-