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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/246

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mêmes que vous dépensez pour Dieu. Ne voyez-vous pas que souvent les mourants inscrivent dans leurs testaments les riches et les grands qui ne sont point de leur famille, et les donnent pour cohéritiers à leurs enfants, pour assurer leur sort par de faibles dons, et cela sans savoir quels seront, pour ces enfants, après la mort du père, les sentiments de ceux qu’il a appelés à prendre part à son héritage. Et vous, qui connaissez la bonté, l’amour, la justice de votre Seigneur, vous ne l’inscrirez pas dans votre testament ? vous ne le donnerez pas pour cohéritier à vos enfants ? Est-là, dites-moi, de l’amour paternel ? Si vous aimez ces enfants que vous avez mis au monde ; laissez-leur des créances dont Dieu soit le garant. Voilà leur plus bel héritage, voilà leur richesse, voilà leur sécurité. Appelez-le avec eux au partage de vos biens d’ici-bas, afin qu’en retour il vous appelle avec vos enfants à partager l’héritage céleste. C’est un héritier généreux, humain, bon, puissant et riche : vous n’avez à suspecter en rien sa société. On donne encore à l’aumône le nom de semence, parce qu’elle n’est point une dépense, mais un revenu. Quand vient le temps des semailles, vous videz sans difficulté vos greniers pleins du blé des récoltes passées ; vous ne songez qu’à la moisson qui en doit sortir, mais que vous n’avez point encore, et cela sans savoir aucunement ce qui adviendra. Car la nielle, la grêle, les sauterelles, les intempéries, mille fléaux enfin viennent parfois briser l’espoir de la saison prochaine. Et quand il faut semer dans le ciel des moissons qui ne craignent point les intempéries, où vous n’avez à redouter ni malheur ni déception, vous hésitez, vous reculez ? Quelle excuse aurez-vous, vous qui semez dans la terre sans crainte ni hésitation, et qui, lorsqu’il faut semer dans la main de Dieu, doutez et différez ? Si la terre rend ce qu’on lui confie, la main de Dieu ne rendra-t-elle pas avec usure tout ce que vous y aurez déposé ?
10. Ce que sachant, ne considérons point la dépense quand nous faisons l’aumône ; considérons le revenu qu’elle rapporte, les espérances qu’elle nous donne pour l’avenir, et même le gain qu’elle nous assure aussitôt. Car non seulement l’aumône nous ouvre le royaume des cieux, mais elle nous procure dans là vie présente la sécurité et l’abondance. Qui nous l’assure ? Celui qui est maître de dispenser ces biens. Celui qui donne aux pauvres, dit-il, recevra le centuple en ce monde, et aura en partage la vie éternelle. (Mat. 19,29) Voyez-vous qu’une large rémunération nous est promise, dans l’une et l’autre vie ? N’hésitons donc point, ne différons point, mais chaque jour recueillons les fruits de l’aumône, afin de jouir de la prospérité en ce monde et d’obtenir la vie éternelle. C’est ce que je souhaite à nous tous, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent, ainsi qu’au Père et au Saint-Esprit, la gloire, l’honneur et la puissance, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.