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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/258

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Mais, ce n’est point un homme, ni un ange, ni un archange, c’est le Maître des cieux lui-même, le Fils unique de Dieu fait homme qui s’est donné pour nous. Ne ferons-nous point tous nos efforts pour que des hommes qui ont reçu pareil honneur ressentent les effets de notre plus vive sollicitude ? quelle défense aurions-nous, quelle excuse ? C’est ce que vous faisait entendre Paul quand il disait : Ne faites point périr par votre manger celui pour qui Jésus-Christ est mort. (Rom. XIV, 15) Voyant des hommes, qui méprisent leurs frères et dédaignent les faibles, il veut les faire rougir, leur inspirer l’amour du prochain, les engager à prendre soin des autres ; pour toute exhortation il leur présente la mort du Christ. Ainsi, du fond de sa prison, il écrivait aux Philippiens, malgré la distance. Car, tel est l’amour selon Dieu ; les choses humaines jamais ne lui font obstacle, parce qu’il a dans les cieux sa source et sa récompense. Et que leur dit-il ? Je veux que vous sachiez, mes frères. (Phil. 1,12) Voyez-vous comme sa pensée se porte vers ses disciples ? voyez-vous la sollicitude du Maître ? Entendez aussi les témoignages de l’amour que les disciples avaient pour le Maître, afin que vous appreniez que s’ils étaient fermes et invincibles c’était par l’effet de ce mutuel attachement. Car, un frère soutenu par un frère est comme une ville fortifiée. (Prov. 18,19) À plus forte raison un si grand nombre d’hommes, unis par les liens de l’amour, sont capables de repousser toutes les attaques du démon. L’attachement de Paul pour ses disciples n’a plus besoin d’être démontré ; vous l’avez vu, dans les fers mêmes, ne point cesser de prendre soin d’eux, et chaque jour mourir pour eux, le cœur enflammé de l’amour du prochain.
6. Quant aux disciples de Paul, ils étaient liés à leur maître par le plus entier attachement, et non seulement les hommes, mais les femmes. Écoutez ce qu’il dit de Phébé : Je vous recommande notre sœur Phébé, diaconesse de l’Église de Corinthe, qui est au port de Cenchrée, afin que vous la receviez, au nom du Seigneur, comme on doit recevoir les saints, et que vous l’assistiez dans toutes les choses où elle pourra avoir besoin de vous, car elle en a assisté elle-même plusieurs, et moi en particulier..(Rom. 16,1, 2) Paul ne témoigne que de l’assistance qu’il dut au zèle de Phébé. Mais Priscille et Aquila affrontèrent pour lui la mort même ; voici ce qu’il écrit d’eux : Aquila et Priscille vous saluent : pour sauver ma vie ils ont exposé leur tête. (Rom. 16,3, 4) C’est évidemment à la mort qu’ils se sont exposés. Et, parlant d’un autre de ses disciples, il écrit : Il s’est vu tout proche de la mort pour avoir voulu servir à l’œuvre de Jésus-Christ, abandonnant sa vie, afin de suppléer par son assistance à celle que vous ne pouviez me rendre vous-mêmes. (Phil. 2,30) Vous voyez comme ils aimaient leur maître, comme ils négligeaient le soin de leur vie pour ne songer qu’à sa sûreté ! C’est la cause qui les empêcha d’être jamais vaincus. Si je rappelle ces faits, ce n’est pas seulement pour que nous en entendions le récit, mais pour que nous les imitions. Et j’adresse mes paroles non point seulement à ceux qui sont gouvernés, mais aussi à ceux qui gouvernent. Je veux que les disciples fassent paraître la plus grande sollicitude pour leurs maîtres, et que les maîtres montrent à ceux qu’ils conduisent tout l’amour que Paul avait pour ses disciples, de loin comme de près. Car Paul considérait comme une habitation unique la terre tout entière, et, oubliant ses chaînes, ses douleurs, ses plaies, ses angoisses, il s’inquiétait et s’informait chaque jour de l’état où étaient ses disciples. Et souvent, pour cette seule cause, il envoyait tantôt Timothée, tantôt Tychicus ; c’est de lui qu’il dit : Il vient s’informer de ce qui vous touche et, consoler vos cœurs. (Eph. 6,22) Et de Timothée : Je l’ai envoyé vers vous, car je ne contenais plus mon inquiétude, pour savoir si le tentateur ne vous a point tentés. (1Thes. 3,5) Ailleurs il envoie Titus, ailleurs d’autres encore. Comme il était souvent lui – même retenu par ses chaînes dans le même lieu, et ne pouvait se trouver parmi ceux qui étaient son sang et ses entrailles, il les allait trouver dans la personne de ses disciples.
7. Il est donc dans les fers quand il écrit aux Philippiens : Je veux que vous sachiez, mes frères… (Phil. 1,12) Il appelle ses disciples du nom de frères. Tel est l’amour : il efface toute inégalité ; il ne connaît ni prééminence, ni dignités ; par lui, le plus grand des hommes s’abaisse jusqu’au plus humble, à l’exemple de Paul. Mais que leur veut-il faire savoir ? Que tout ce qui m’est arrivé, dit-il, a servi au progrès de l’Évangile. (Id) Comment, et de quelle manière ? Avez-vous donc été délivré de vos liens ? Avez-vous déposé vos chaînes, et