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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/270

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Mais, comme nous n’en prenons pas soin, nous les précipitons dans les plus grands malheurs ; nous les livrons aux mains des bourreaux ; trop souvent, c’est nous qui les jetons dans les gouffres. Car, dit l’Écriture, Celui qui évente son fils, pansera ses plaies. (Sir. 30,7) Que signifient ces paroles, Celui qui évente ? c’est-à-dire, celui qui cherche, outre mesure, à soulager, celui qui flatte, qui prodigue des soins serviles. Car ce qu’il faut à l’enfant, c’est un soin austère, sévère, qui inspire la crainte. Ce que j’en dis, ce n’est pas pour que nous soyons durs et farouches avec les enfants, mais pour éviter de devenir méprisables à leurs yeux. Si la femme doit craindre son mari, à bien plus forte raison, le fils doit-il craindre son père. Et ne me dites pas que la jeunesse est indomptable. Car si Paul demande à une veuve, à une femme, de prendre soin de ses enfants, à bien plus forte raison, le demande-t-il aux hommes ; et s’il y avait impossibilité, il n’aurait pas exprimé un commandement. Voici la vérité : toute perversité provient de notre négligence, provient de ce que, dès le principe, dès l’âge le plus tendre, nous n’avons pas formé nos enfants à la vertu. Nous avons grand soin de les mettre à l’étude des sciences profanes, de les initier à la milice, et nous dépensons de l’argent, et nous assiégeons nos amis de nos prières ; et à droite, à gauche, à chaque instant nous nous mettons en course : mais, pour que nos enfants soient en honneur auprès du Roi des anges, nous nous donnons fort peu de mouvement. Nous leur permettons souvent d’aller aux spectacles ; mais nous ne les poussons jamais, pour qu’ils viennent à l’église ; si une fois, deux fois, un tout jeune enfant vient ici ; c’est un hasard sans conséquence, sans aucune utilité ; c’est parce que cela l’amuse, qu’il se trouve en ce lieu. C’est le contraire que nous devrions voir quand nous envoyons nos enfants aux écoles, nous leur demandons qu’ils nous rendent compte de leurs leçons, ce que nous devrions faire en les envoyant à l’église, ou plutôt en les y conduisant. Car ce n’est pas à des mains étrangères que nous devons les confier ; c’est à vous de les amener ici, d’y entrer vous-même, afin de leur demander ensuite s’ils se souviennent bien de ce qu’ils ont entendu, de ce qu’ils ont appris. Cette conduite nous rendrait bien plus facile et plus expéditive la tâche de redresser vos enfants. Car si, dans l’intérieur de la maison, ils entendaient toujours ; de votre bouche, les discours de la sagesse, les bons conseils, auxquelles se joindraient les paroles qui se prononcent ici, ils nous montreraient bien vite, heureux fruits de ces généreux germes, une riche moisson. Mais nous ne faisons rien de semblable ; nous négligeons ce qui est de première nécessité ; faites des exhortations à ce sujet, tout de suite on rit de vous, et de là le bouleversement ; les pères négligent de corriger leurs enfants à la maison ; au-dehors, on s’en charge, et les enfants subissent la correction des lois.
11. N’avez-vous pas de honte, ne rougissez-vous pas, répondez-moi, quand ce fils, qui est votre fils, vous est pris par le juge pour le châtier ; pour le rendre plus sage ; quand il faut la correction du dehors à cet enfant, qui, depuis si longtemps, depuis sa naissance, a demeuré avec vous ? Ne vous cachez-vous pas, né rentrez-vous pas sous la terre ? avez-vous le courage, répondez-moi, de supporter qu’on vous nomme son père, vous qui avez ainsi trahi votre enfant, quine lui avez pas donné tous les soins nécessaires, qui l’avez négligé, quand la corruption pénétrait dans son âme ? À la vue d’un esclave qui bat voire enfant, vous vous indignez, votre colère s’allume, votre fureur éclate ; plus terrible qu’une bête féroce, vous bondissez à la vue de celui qui a frappé votre enfant ; et, à l’aspect du démon, qui le soufflette chaque jour sous vos yeux, des anges déchus qui l’attirent dans toutes les fautes, vous dormez, et vous ne vous indignez pas, et vous n’arrachez pas, au plus redoutable des monstres, votre enfant ? Si votre fils est démoniaque, vous courez vers tous les saints, vous troublez le repos de ceux qui résident au sommet des montagnes ; vous voulez le voir délivré de, cette maladie sinistre, et, quand c’est le péché, le péché, plus funeste que tous les démons ensemble, qui le trouble sans relâche, vous restez les bras croisés.
Être possédé du démon, ce n’est rien ; cette possession ne peut pas jeter dans l’enfer, Si nous voulons pratiquer la sagesse, cette épreuve nous vaudra de brillantes, d’éclatantes couronnes ; sachons bénir Dieu dans de telles épreuves. Mais celui qui passe sa vie entière dans le péché ne peut être sauvé ; il est absolument nécessaire, et qu’il subisse, sur la terre, tous les opprobres, et qu’en partant d’ici, il endure les éternels supplices. C’est pourtant