Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HOMÉLIE SUR CE SUJET : QU’IL NE FAUT PAS DIVULGUER LES DÉFAUTS DE SES FRÈRES NI PRIER POUR QU’IL ARRIVE DU MAL A SES ENNEMIS.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


L’homélie qu’il ne faut pas divulguer les défauts de ses frères, précéda d’un jour celle qui a pour sujet qu’il ne faut paf désespérer de soi-même. La date est incertaine.
1° et 2° L’Église guérit les âmes ; elle ne vend pas ses remèdes ; ceux-ci conservent une efficacité qui est toujours la même ; ils agissent sur toutes les personnes de bonne volonté, sur les pauvres mieux encore que sur les riches. – 3°- 4° La richesse et la pauvreté, choses en soi indifférentes, deviennent bonnes ou mauvaises par l’usage que l’on en fait. – 5° Le démon redouble la vigueur de ses attaques contre nous lorsque nous prions. – 6°- 9° Je vous parlais hier de la puissance de la prière et voici que la lecture d’aujourd’hui nous fournit une preuve de cette même puissance. La prière a donné un enfant à Isaac dont la femme était stérile. Isaac pria vingt ans. Sarra, Rébecca, Rachel, Elisabeth enfantèrent malgré leur stérilité naturelle afin de préparer les hommes à la foi dans l’enfantement, beaucoup plus miraculeux, d’une vierge. – 10° – 11° C’est faire outrage à Dieu que de demander la punition de nos ennemis.
1. Je vous félicite, mes bien-aimés, du zèle qui vous fait tous accourir dans la maison de votre Père ; ce zèle que vous témoignez, est un garant de la santé de votre âme, et nous sommes remplis de confiance ; c’est qu’aussi c’est une admirable médecine, que l’enseignement de l’Église ; médecine, non du corps, mais de l’âme ; médecine spirituelle, qui ne guérit pas les blessures de la chair, mais les péchés de l’esprit. Quel est, pour ces péchés, pour ces blessures, le remède ? la doctrine. Ce remède ne se compose pas de plantes arrachées à la terre ; mais de paroles descendues du ciel : ce ne sont pas des mains de médecins qui le préparent, c’est la langue des prophètes. Aussi son efficacité se manifeste sans relâche ; la longueur du temps ne l’affaiblit pas ; la violence des maladies n’en triomphe pas. Les remèdes des médecins sont défectueux de deux manières : au moment où on les applique, ils montrent leur énergie ; après un long temps, semblable à des corps que brise la vieillesse, ils deviennent sans force ; bien plus, très-souvent, la maladie triomphe des remèdes, qui ne sont que des produits de l’homme. Il n’en est pas de même de la médecine de Dieu ; après un long intervalle de temps, le remède conserve toute son énergie propre. Depuis les temps de Moïse (car c’est à lui que commencent les Écritures), depuis tant d’hommes que le remède a guéris, il conserve encore l’efficacité qui lui est propre. Jamais maladie n’en a triomphé ; ce remède ne se vend pas ; celui qui montre une volonté sincère, une sainte affection, emporte chez lui le remède dans toute sa vertu. C’est pourquoi riches et pauvres jouissent également de cette médecine. Quand il faut dépenser de l’argent, le riche est seul admis à profiter du remède. Il faut souvent que le pauvre s’en prive, faute de ressources pour se le procurer. Mais ici, comme il n’y a pas à faire de dépense d’argent, qu’il suffit de la foi et de la bonne volonté, celui qui peut faire cette dépense, et se plaît à la faire, tire du remède la plus grande utilité.