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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/279

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soin de dégager, des paroles entendues, la médecine qui convient, pour chacun, à sa propre blessure. De la langue de l’orateur jaillit la doctrine, qui blâme le vice, célèbre la vertu, réprimande la luxure, recommande la chasteté, accuse l’orgueil, exalte la modestie ; c’est comme une médecine variée et multiple, composée de toutes les espèces de remèdes. Maintenant, que chacun prenne ce qui lui convient, ce qui lui est utile, c’est la tâche de chacun des auditeurs. Le discours se montre donc ouvertement, il entre dans la conscience de chacun, il fait, d’une manière latente, la cure qu’on espère, et plus d’une fois, avant que la maladie ait été divulguée, il a rendu la santé.
4. Hier, assurément, vous avez entendu l’éloge que j’ai fait de la vertu de la prière, le blâme, que j’ai adressé à ceux qui la négligent, et cependant je n’ai montré du doigt personne, d’où il est arrivé, clac tous, ceux d’entre vous qui ont conscience de leur zèle pour prier, se sont appliqué l’éloge qui a été fait de la prière ; et que cet éloge a ranimé leur zèle : que ceux, au contraire, qui ont la conscience de leur négligence, se sont appliqué le reproche, et ont renoncé à leur négligence. Cependant ni les uns ni les autres ne nous sont connus, et ce fait que nous ne les connaissons pas, est utile pour les uns comme pour les autres. J’explique comment : Celui qui a entendu l’éloge de la prière, et qui a la conscience de son exactitude à prier, s’il voyait un grand nombre d’hommes témoins des éloges qu’on lui adresse, tomberait dans l’orgueil ; mais, comme il reçoit l’éloge en secret, il est à l’abri de toute ostentation. D’un autre côté, celui qui a conscience de sa négligence, et qui entend le reproche, se corrige par ce reproche, parce qu’il ne voit aucun témoin de la réprimande qu’il subit ; ce qui n’est pas pour lui d’un médiocre avantage. Nous sommes assujettis à l’opinion du vulgaire, et, tant que nous croyons nos fautes ignorées, nous nous sentons le goût de devenir meilleurs ; mais, une fois que nos fautes sont connues de tous, que nous perdons la consolation d’être vicieux en secret, alors notre impudence, notre négligence grandit. Et, de même que les plaies mises à découvert, toujours exposées à l’air froid, s’enveniment ; de même l’âme coupable, réprimandée publiquement pour ses fautes, devient plus éhontée. Malheur que notre discours s’est encore secrètement proposé de prévenir. Voulez-vous comprendre toute l’utilité de cette médecine secrète ? Écoutez la parole du Christ : Si votre frère a péché contre vous, représentez-lui sa faute ; il ne dit pas : En prenant la cité, ni en prenant le peuple à témoin, mais : En particulier, entre vous et lui. (Mat. 18,15) Que l’accusation se produise sans témoin, dit-il, afin que la conversion soit facile. C’est donc un grand bien, que l’exhortation ne soit pas publique ; il suffit de la conscience, il suffit de ce juge incorruptible. Vous ne pouvez réprimander le pécheur, comme fait sa propre conscience (car c’est là son accusateur le plus sévère) ; vous ne pouvez non plus connaître aussi exactement ses fautes ; n’ajoutez donc pas, aux blessures, une blessure nouvelle, en allant dire partout qu’un tel a péché ; mais exhortez le pécheur, en l’absence de tout témoin. C’est ce que nous faisons nous-mêmes, en ce moment, imitant la conduite de Paul, lorsqu’il accuse, auprès des Corinthiens, un pécheur, en l’absence de tout témoin. Soyez attentifs, voyez comment. Au reste, mes frères, j’ai proposé ces choses sous mon nom, et sous celui d’Apollo. (1Co. 4,6) Or, ce n’était ni lui ni Apollon qui avaient partagé le peuple, qui avaient divisé l’Église. Il enveloppe et dissimule l’accusation ; son nom et celui d’Apollo sont comme des masques dont il se sert pour couvrir les coupables, et leur permettre de se corriger de leur méchanceté. Et encore : De peur que Dieu ne m’humilie, et que je ne sois obligé, lorsque je serai revenu chez vous, d’en pleurer plusieurs qui ont déjà péché, et qui ne se sont pas repentis de leurs impuretés, et de leurs fornications. (2Co. 12,21) Voyez comme il désigne d’une manière générale et indéterminée les pécheurs, ne voulant pas qu’une accusation manifeste les expose à montrer plus d’impudence. Eh bien donc ! Si nous administrons les réprimandes en gardant tous ces ménagements, vous, à votre tour, je vous y exhorte, recevez, de votre côté, avec un zèle parfait, la correction qui vous redresse ; appliquez-vous, avec soin, à écouter la Parole.
5. Hier, nous vous avons entretenus de la vertu de la prière, je vous ai montré comment, lorsque nous prions, le démon, n’écoutant que sa malice, nous dresse des pièges. En effet, comme il voit due nous retirons de la prière le plus grand profit, c’est alors qu’il nous livre