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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/308

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à profit la moindre partie des biens qui nous sont ménagés. Écoute, ma fille, et vois, et considère les avantages de l’alliance nuptiale, les avantages spirituels. Écoute, ma fille. Cette fille était d’abord la fille des démons, fille de la terre, indigne de la terre, et la voilà maintenant devenue la fille du roi, c’est là ce qu’a voulu celui qui l’aime. Car celui qui aime, s’inquiète peu de la forme ; l’amour ne voit pas la difformité. Voilà pourquoi les Grecs l’appellent eros, parce que souvent il aime ce qui est difforme. Ainsi a fait le Christ lui-même ; il a vu un objet sans beauté (car je ne dirai certes pas qu’il avait vu la beauté), il l’a aimé, et il lui donne la jeunesse, il en fait disparaître les taches et les rides. O l’époux qui embellit la difformité de celle qu’il épouse ! Écoute, ma fille, écoute et vois. Il dit deux choses : Écoute, et aussi, vois, deux choses à faire, qui dépendent de toi, l’une de tes yeux ; l’autre de tes oreilles. Donc, vu que sa dot était dans ce qu’elle avait entendu – (s’il en est parmi vous qui devinent plus vite que les autres, il leur faut attendre ceux dont l’esprit va plus lentement : je loue ceux d’entre vous qui devancent le discours, et je n’en veux pas à ceux qui le suivent) ; – vu que sa dot était dans ce qu’elle avait entendu – (qu’est-ce à dire, dans ce qu’elle avait entendu ? dans la foi : Car la foi vient de ce qu’on a entendu. (Rom. 10,17) Dans la foi, non dans la jouissance, non dans l’expérience faite de toute chose), – j’ai commencé par dire qu’il avait divisé sa dot en deux parts, l’une qu’il lui avait donnée à titre d’arrhes, l’autre qu’il lui avait promise pour le temps à venir. Que lui a-t-il donné ? il lui a donné le pardon des péchés, la rémission du châtiment, la justice, la sanctification, la rédemption, le corps du Seigneur, le banquet divin, spirituel, la résurrection des morts. Car tous ces dons furent faits aux apôtres. Donc certains présents ont été donnés, d’autres promis ; les uns livrés à l’expérience pour en jouir ; les autres livrés à l’espérance, à la foi. Écoutez encore : Qu’a-t-il donné ? le baptême, le sacrifice pour en jouir actuellement. Voyez maintenant, qu’a-t-il promis ? La résurrection, l’incorruptibilité, l’union avec les anges, l’entrée dans le chœur des archanges, l’admission auprès de lui dans sa cité, la vie sans mélange, les biens que l’œil n’a pas vus, et que l’oreille n’a pas entendus, et qui ne sont pas entrés dans le cœur de l’homme, et que Dieu a préparés pour ceux qui l’aiment. (1Co. 2,9)
16. Comprenez bien ce qui vous est dit, ne laissez pas les paroles se perdre, je me fatigue afin que vous compreniez. Il y avait donc deux parts de sa dot ; l’une pour le présent, l’autre pour l’avenir ; l’une pour ce que voient les yeux, l’autre pour ce que les oreilles entendent ; l’une pour les dons effectués, l’autre pour ceux que la foi attend ; l’une pour l’expérience, en même temps la jouissance, l’une pour la vie présente, l’autre pour les temps après la résurrection. L’une, vous la voyez, l’autre vous l’entendez annoncer. Voyez doge ce qu’il lui dit, pour qu’elle ne s’imagine pas qu’elle n’a reçu que la part présente ; toutefois cette part même était grande, d’un prix ineffable, au-dessus de toute pensée. Écoute, ma fille, et vois ; écoute ce qu’on te dit des biens à venir, et vois ces biens présents ; je ne veux pas que tu dises : Encore espérer ? encore attendre par la foi ? encore des biens à venir ? Tiens, regarde : ces biens-ci, je te les donne ; ces autres, je te les promets ; donc ces autres biens sont en espérance, mais prends ceux-ci comme gages, ceux – ci à titre d’arrhes, ceux-ci comme échantillon. Je te promets un royaume ; crois-en les gages que tu tiens à présent, crois en moi. – Vous me promettez un royaume ? – Oui, je t’ai donné plus encore, je t’ai donné le Maître du royaume : Celui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous ; comment ne nous donnera-t-il pas toutes choses avec lui ? (Rom. 8,32) – Vous accordez la résurrection des corps ? oui, je t’ai donné plus. Quoi donc ? d’être délivrée du péché. En quoi est-ce un plus grand don ? c’est que c’est le péché qui a enfanté la mort. Le mal a mis au monde le châtiment. J’ai tué la mère, et je ne tuerais pas le fils ! j’ai séché là racine, et je ne supprimerais pas le fruit ! Écoute ma fille, et vois. Que puis-je voir ? Les morts réveillés, les lépreux purifiés, la mer soumise à un frein, le paralytique dont les membres se remuent, le paradis ouvert, les pains mue pliés, les péchés remis, le boiteux qui saute, le larron devenu citoyen du paradis, le publicain devenu évangéliste, la femme impudique de venue plus respectable qu’une vierge. Écoute et vois ; écoute les choses qui doivent venir, et vois les choses présentes. Prends celles-ci pour preuves ; je t’ai donné des gages de mes promesses, des gages plus grands que les promesses.