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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/317

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HOMÉLIE.

APRES LE RETOUR DE SAINT CHRYSOSTOME DE SON VOYAGE D’ASIE.

AVERTISSEMENT.


Nous n’avons que le latin des trois opuscules suivants. Le texte est perdu ou caché quelque part. Ils sont néanmoins authentiques, ainsi que le prouvent les sujets, l’ordre des matières et le style. Saint Chrysostome fit le premier de ces discours sur la fin d’avril de l’an 409, le lendemain du jour où il revint de son voyage en Asie, voyage qui avait duré cent jours et qu’il avait entrepris pour arranger les différends de l’Église d’Éphèse et chasser les évêques simoniaques. Pendant son absence il avait été extrêmement regretté de son peuple qui le chérissait. Les habitants de Constantinople auraient désiré qu’il fût du moins de retour pour célébrer avec eux la fête de Pâques ; mais il ne put revenir qu’après ; c’est pourquoi il les console : « La Pâque, leur dit-il, se célèbre toutes les fois que nous participons au corps et au sang de Jésus-Christ. » Voici à quelle occasion fut prononcé le deuxième discours : Sévérien, évêque de Gabales, se trouvant à Constantinople, s’était, par de faux dehors, concilié l’amitié de saint Jean Chrysostome. Pendant le voyage que le saint archevêque fit en Asie, Sévérianus, croit-on, voulut profiter de son absence, pour s’attacher le peuple, en le détournant de celui qui avait son admiration et son amour. Saint Jean Chrysostome, averti par Sérapion, retrouva, à son retour d’Asie, une foule heureuse de le revoir, empressée à le féliciter ; et il ne parait pas s’être fort préoccupé de cette affaire. Mais voici qu’un jour la colère de Sévérianus contre Sérapion éclata en paroles impies ; le peuple s’agita, s’irrita, et l’évêque des Gabales fut chassé de Constantinople. Rappelé par les soins de l’impératrice Eudoxie, de l’empereur lui-même, il fut admis, quoique à contre-cœur, même par celui qu’il avait voulu supplanter. Le peuple était toujours furieux ; saint Jean Chrysostome pouvait seul le calmer ; de là les paroles qu’il lui adressa. Le lendemain  Sévérien monta en chaire et fit un éloge de la paix ; c’est le troisième des discours sur lesquels roule cet avertissement.
Moïse, ce grand serviteur de Dieu, le prince des prophètes, qui i ; e fit un chemin au sein de la mer, agita les espaces de l’air, dressa la table pour son peuple ; Moïse, exposé à la mort par celle qui lui donna le jour, recueilli par une femme qui était son ennemie (vous savez que sa mère ne lui donna que le jour, ce fut une Égyptienne qui le prit et le nourrit), Moïse, qui recevait en Égypte sa nourriture ; et qui conversait dans le ciel ; cet homme, qui érigea un si grand trophée, vous savez quel trophée ; cet homme, ce grand homme, après avoir quitté son peuple, pour quarante jours, le trouva fabriquant les idoles et respirant les séditions. Moi, je ne vous ai pas quittés pour quarante jours seulement, mais pour cent cinquante et plus, et je vous retrouve dans la joie, dans la sagesse, persévérant dans la crainte de Dieu. Suis-je donc plus élevé que Moïse ? Loin de moi cette pensée ! l’exprimer, ce serait le comble de la démence.
Mais ce peuple que je vois, a des pensées plus hautes que le peuple ancien ; aussi le grand Moïse, descendant de la montagne, réprimandait Aaron à cause de la sédition du peuple, et laissait tomber sur lui sa colère, parce qu’il avait acquiescé à leur volonté. Moi, au contraire, à mon retour, je vous adresse des éloges, et je veux vous tresser des couronnes. Car, si la prévarication nécessite l’accusation et la réprimande, au contraire, l’amendement des mœurs veut des éloges et des couronnes ; voilà pourquoi, quelque prolongée qu’ait été mon absence, je n’en éprouve aucun chagrin ; j’étais sûr de votre charité, de l’intégrité de votre foi ; je savais bien que mon épouse avait sa chasteté pour rempart, comme il arrive même entre les époux de la terre. En effet, l’homme qui sait que son épouse manque de pudeur, ne lui permet pas seulement de regarder hors de la maison ; est-il parfois contraint de voyager,