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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/334

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voulez connaître la générosité de mes enfants, l’énergie de mes soldats, la puissance de mes oplites, la splendeur de nos diadèmes, la surabondance de nos richesses ; la grandeur de notre charité, ce qu’endure la constance, ce qu’est la liberté dans sa fleur, ce qu’a d’illustre notre victoire, ce que votre défaite a de ridicule. O surprise, ô prodige ! Le berger qu’on chasse, et le troupeau dont l’ardeur bondit ! le général au loin, et les soldats qui prenaient leurs armes ! L’Église n’avait pas seulement pour elle son armée ; la cité entière était devenue l’Église. Les carrefours, les places, l’air se sanctifiaient, les hérétiques se convertissaient, les Juifs s’amendaient, des prêtres s’attiraient leur condamnation ; oui, les Juifs bénissaient Dieu et accouraient vers nous. C’est ce qui arriva pour le Christ. Caïphe le mit en croix, et un brigand le confessa. O surprise, ô prodige ! Des prêtres assassinèrent, et des mages adorèrent ! Ces choses ne doivent pas étonner l’Église. Si ces choses n’étaient pas arrivées, notre trésor ne se fût pas montré ; trésor réel ; il ne se fut pas montré. C’est ainsi que Job était juste ; on n’aurait pas vu qu’il était juste sans ses blessures, sans les vers qui le rongeaient. Il en est ainsi de notre trésor ; sans les perfides attaques, il ne se fût pas montré. Dieu, se justifiant, dit à Job : Pensez-vous qu’en vous répondant, j’aie pu avoir d’autre pensée que de faire paraître votre justice ? (Job. 40, 8) Ils ont ourdi leurs trames contre nous, ils nous ont fait la guerre et ils ont été vaincus. Comment nous ont-ils fait la guerre ? Avec des bâtons. Comment ont-ils été vaincus ? Par des prières. Si quelqu’un vous a frappé sur la joue droite, tournez-lui encore l’autre. (Mat. 5,39) Tu apportes îles bâtons dans l’église, et tu lui fais la guerre ? Où règne la paix pour tous, tu excites la guerre ? Tu n’as pas de respect pour le lieu, ô malheureux, ô misérable ! ni pour la dignité du sacerdoce, ni pour la majesté du Chef ? Le baptistère a été rempli de sang. Où Se fait la rémission des péchés, s’est faite l’Effusion du sang. Quelle bataille a vu ces excès ! L’empereur entre et jette bouclier et diadème ; toi, tu es entré, et tu as brandi les bâtons ! L’empereur laisse aux portes de l’église les emblèmes de l’empire ; toi, tu apportes dans l’église les emblèmes de la guerre ! Mais tu n’as pas fait de mal à mon Épouse ; elle me reste, et l’on admire sa beauté.
3. C’est pourquoi je me réjouis, non pas que vous ayez vaincu, mais qu’en mon absence vous ayez vaincu. Si j’eusse été là, j’aurais revendiqué, auprès de vous, ma part de victoire ; mais, comme j’étais au loin, le trophée n’appartient qu’à vous seuls. Que dis-je ? Cela même est une gloire pour moi. Je me reprends, et voici que je revendique, auprès de vous, ma part de la victoire. C’est moi qui vous ai élevés de telle sorte que vous puissiez, même en l’absence de votre père, montrer la noblesse que vous portez en vous. Comme on voit les athlètes généreux, même en l’absence du gymnasiarque, prouver leur vigueur ; ainsi la vigueur généreuse de votre foi, même en l’absence de votre maître, s’est montrée dans sa beauté. À quoi bon les discours ? Les pierres poussent des cris, les murailles font entendre leur voix. Allez au palais de l’empereur, et aussitôt vous entendez : les peuples de Constantinople. Allez aux rivages de la mer, dans les déserts, aux sommets des montagnes, dans les demeures habitées, votre éloge y est inscrit. À quoi devez-vous la victoire ? Non à vos richesses, mais à votre foi. O peuple, ami de son docteur ! ô peuple, qui chérit son père ! ô ville bienheureuse, non à cause de ses colonnes et de ses lambris d’or, mais à cause de votre vertu ! Tant d’attaques insidieuses, et vos prières les ont vaincues, et c’est justice, et c’est raison ; car les prières étaient continuelles, et les larmes coulaient comme des fontaines. Ils avaient des armes, vous aviez vos pleurs ; ils avaient leur rage, et vous, votre douceur. Fais ce que tu veux : vous priez. Et ceux qui parlaient contre nous maintenant, où sont-ils ? Est-ce que nous avons agité des armes, tendu des arcs, lancé des traits ? Nous priions et ils fuyaient. Comme fa toile de l’araignée, ils ont été dissipés, et vous êtes restés solides comme la pierre. Je suis bien heureux, à cause de vous ; je savais bien, même auparavant, quel trésor je possédais ; je l’admire pourtant aujourd’hui. On m’éloignait, et la cité changeait de place. Pour un seul homme, la mer devenant une ville ! Les femmes, les hommes, de tout jeunes enfants, des mères portant leurs enfants dans leurs bras, affrontaient les vagues, méprisaient les flots ; l’esclave ne craignait plus son maître ; la femme avait oublié sa naturelle faiblesse ; la place publique était changée en église ; plus de place publique, plus rien qu’une église ; transformation partout, à cause de nous. Qui n’avez-vous pas rempli