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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/336

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l’égale ? qui l’égale, c’est impossible. Mais ce que je puis je vous le donne ; je vous aime et je suis prêt à verser tout mon sang pour votre salut. Non, jamais personne n’a possédé de tels fils ; personne, un tel troupeau, personne, un champ si fertile. Je n’ai pas besoin de pratiquer de culture, moi je m’endors, et les épis jaunissent. Je n’ai pas besoin de travail ; je me repose et les brebis sont victorieuses des loups. Quel nom vous donnerai-je ? brebis, bergers, pilotes, soldats, chefs, d’armée, tous ces noms vous conviennent. Quand je vois votre bon ordre, je vous appelle brebis ; quand je vois votre prévoyance, je dis : Vous êtes des bergers ; quand je vois votre sagesse, je vous donne le titre de pilotes ; quand je vois votre, courage, votre constance, je vous appelle tous, et soldats et chefs d’armée. O travail, ô prévoyance du peuple ! Vous avez chassé les loups, et vous avez gardé votre prévoyante sagesse. Les matelots qui étaient avec vous se sont tournés contre vous ; ils ont déclaré la guerre au navire. Criez donc ; au loin ce clergé ! un autre clergé pour l’Église ! mais qu’avez-vous besoin de crier ? Ils sont partis, on les a chassés, sans que personne les poursuive, ils ont pris la fuite. Qui les accuse ? personne ; c’est leur conscience qui les accuse. Si mon ennemi m’avait chargé de malédictions, je l’aurais souffert. (Psa. 54,12) Ceux qui étaient avec nous, se sont tournés contre nous ; ceux – qui, avec nous, gouvernaient le navire, ont voulu faire sombrer le navire. J’ai admiré ce qui s’est passé en vous ; ce que j’en dis, ce n’est pas pour vous exciter à la sédition ; la sédition, ce sont eux qui l’ont faite. Ce qui a paru, de vous, c’est le zèle de la foi. Vous n’avez pas demandé qu’on les mit à mort, mais qu’on prévînt le malheur, pour vous, pour l’Église, d’être de nouveau submergés. Votre courage a conjuré la tempête ; leur pensée perverse a suscité la rage des flots. Mais je ne veux pas apprécier l’événement par l’issue, je ne veux y voir que le crime de leur pensée. Comment toi, un assistant de l’autel, à qui on avait confié le soin d’un si grand peuple, qui devais réprimer les désordres, tu as irrité, la tempête, tu as poussé le glaive coutre toi-même, tu as perdu tes enfants ; tu as voulu les perdre, si, en réalité, tu n’es pas parvenu à les perdre. Mais Dieu t’en a empêché ; et je vous admire, et vous méritez mes louanges, parce que la guerre terminée, la paix étant faite, vous méditez les moyens d’assurer cette paix. Il faut que pilotes et matelots soient unis d’un même cœur, car si le désaccord survient, le navire est submergé. C’est à vous à cimenter, à rendre, avec la grâce de Dieu, cette paix solide. Vous jouirez tous, j’y ferai rues efforts, de la parfaite sécurité ; je ne ferai rien sans vous, et sans la très-pieuse et très-sainte Augusta. Elle aussi, n’a qu’une pensée ; qu’une inquiétude, qu’un tint de toutes ses actions, c’est que ce qui a été planté, demeure ferme, c’est que l’Église demeure inébranlable, hors de l’atteinte des flots. Ainsi, j’ai eu raison de célébrer et les sentiments que vous avez montrés, et la prévoyance de nos princes ; car ils se préoccupent moins de la guerre que de l’Église, de la cité que de l’Église. Adressons donc à Dieu nos prières, à la famille impériale nos vœux et nos désirs, et continuons, persistons à prier. Les dangers ont disparu, ne laissons pas pour cela se ralentir notre zèle. Voilà pourquoi, jusqu’à ce jour, nous prions, pour être délivrés des dangers. Bénissons le Seigneur, nous avons été pleins de courage et nous sommes, aujourd’hui encore, pleins d’ardeur. Pour tous ces biens, rendons des actions de grâces au Seigneur, à qui appartiennent la gloire et la puissance, ainsi qu’au Fils et à l’Esprit-Saint et vivifiant, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.