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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 4, 1864.djvu/343

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soyez guéri ; étendant la main, il le toucha. Pourquoi le toucha-t-il ? Pour vous apprendre qu’il n’est pas un esclave assujetti à la loi, mais le Seigneur, supérieur à la loi. Comment donc a-t-il observé la loi ? Quand il a dit : Je le veux, soyez guéri, au lieu de toucher le lépreux tout de suite. La parole a précédé, la maladie a disparu, ensuite il a touché le malade, et il a dit : Je le veux, soyez guéri. Comment ? À l’instant il fut guéri. L’Évangéliste n’a pu trouver une expression (car, à l’instant, n’est pas assez rapide) capable de rendre la vitesse de l’action. À l’instant. Comment ? En même temps que la parole sortit, la maladie avait disparu, s’était enfuie ; plus de lèpre, c’était un homme, désormais purifié que ce lépreux. Aussi dit-il : Allez, montrez-vous au prêtre, et offrez le don prescrit par Moïse, afin que cela leur serve de témoignage. À qui ? Aux Juifs, afin qu’ils ne disent pas que j’enfreins la loi. C’est moi qui ai opéré la guérison, et je dis : Offrez le don, conformément à la loi, afin qu’en ce jour le lépreux accuse les Juifs par ces paroles : il m’a prescrit d’offrir le don selon la loi. Et comme le Christ taisait beaucoup de choses, à cause des Juifs, afin de leur ôter absolument toute excuse, il agit de même, en la présente occasion. Ayez pitié de moi, car ma fille est, misérablement tourmentée par le démon. Mais il ne lui répondit pas un seul mot. Or les disciples s’approchèrent de lui, et fui dirent : Accordez-lui ce qu’elle demande, parce qu’elle crie derrière nous. Que répond Jésus ? Je n’ai été envoyé qu’aux brebis de la maison d’Israël qui se sont perdues. Il fait cette réponse, pour que les Juifs ne disent pas, vous nous avez abandonnés, vous êtes allé chez les étrangers, et voilà pourquoi »nous n’avons pas cru en vous. Voyez, dit-il, des Gentils viennent auprès de moi, et je ne les reçois pas ; pour vous, même quand vous me fuyez, je vous appelle, Venez à moi, vous tous qui souffrez (Mt. 11,28), et vous ne venez pas ; celle-ci, je la rejette loin de moi, et elle persiste. Un peuple que je n’avais point connu, dit le Psalmiste, m’a été assujetti, il m’a obéi aussitôt, qu’il a entendu ma voix. (Ps. 17,43-44. Et ailleurs : J’ai apparu à ceux qui ne me cherchaient pas, et j’ai été découvert par ceux qui ne m’interrogeaient, pas. (Is. 65,1) Accordez-lui ce qu’elle demande, parce qu’elle crie derrière nous. Voyons donc ce que dit le Christ : Je n’ai été envoyé qu’aux brebis de la maison d’Israël qui se sont perdues. N’étaient-ce pas là des paroles de refus ? C’est à peu près, comme s’il lui disait, va-t’en, il n’y a rien de commun entre nous ; je ne suis pas venu pour toi, mais je suis venu pour les Juifs. Je n’ai été envoyé qu’aux brebis de la maison d’Israël qui se sont perdues. A ces mots cette femme dit : Seigneur, assistez-moi ; et elle l’adorait en lui parlant. (Mt. 15,25) Mais il ne lui répondait pas. Voyez ce qu’il répondit : Il n’est pas juste de prendre le pain des enfants, et de le donner aux chiens. (Id. 26) O sollicitude du médecin ! Il la réduit au désespoir. Il n’est pas juste de prendre le pain des enfants : quels sont ces enfants ? Les Juifs ; et de le donner aux chiens, c’est-à-dire, à vous.
10. En réalité, ces paroles ont été prononcées pour la honte des Juifs, par le Seigneur ; ceux qu’il appelait des enfants, sont devenus des chiens. De là, ce que dit Paul : Gardez-vous des chiens, gardez-vous des mauvais ouvriers, gardez-vous des faux circoncis. Car c’est nous qui sommes les vrais circoncis. (Phil. 3,2, 3) Les Gentils qu’on appelait des chiens, sont devenus des enfants. Mes petits enfants, pour qui je sens de nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Jésus-Christ soit formé en vous. (Gal. 4,19) Cet éloge accuse les Juifs. Il n’est pas juste de prendre le pain des enfants et de le donner aux chiens. Que fait la femme  ? Il est vrai, Seigneur, Oui. O énergie de la femme ! O noble combat ! Le médecin dit, non, et celle-ci dit, oui. Le Seigneur dit : non, et elle dit, il est vrai, oui. Il n’y a pas d’accusation dans ses paroles ; d’impudence dans sa conduite ; elle attend le salut. Il n’est pas juste de prendre le pain des enfants, et de le donner aux chiens. Il est vrai, Seigneur, oui. Vous m’appelez chien ; et moi je vous appelle Seigneur ; vous me couvrez d’opprobres, et moi je vous glorifie. Il est vrai, Seigneur, oui ; mais les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. (Mt. 15,27) Q adresse de la femme ! elle tire de l’exemple proposé une réponse qui s’y adapte avec justesse. Vous m’appelez chien, je me nourris comme un chien. Je ne rejette pas l’opprobre, je ne refuse pas le nom ; je prends la nourriture d’un chien, et elle cite l’exemple que le chien donne. Quant à vous, confirmez vos paroles : puisque vous m’avez appelée du nom de chien, je veux des miettes : vous vous êtes fait l’avocat de ma demande, en me refusant ; soyez d’accord avec