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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 5, 1865.djvu/29

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le festin accoutumé. Reprenons donc le récit de la création à l’endroit ou nous l’avons laissé hier, et, sous la conduite de Moïse, notre saint prophète, asseyons-nous à la table d’une bonne et solide doctrine. Voyons donc ce qu’il veut aujourd’hui nous apprendre, et prêtons à ses paroles une oreille attentive. Car il ne parle point de lui-même, et il n’est que l’organe de l’Esprit-Saint qui par sa bouche instruit tous les hommes. Après nous avoir donc raconté la création de la lumière, il a terminé l’œuvre du premier jour en disant que du soir et du matin se fit le premier jour. Puis il a ajouté : Et Dieu dit : que le firmament soit fait ait milieu des eaux, et qu’il divise les eaux d’avec les eaux. Considérez ici, mes frères, la suite et l’enchaînement de cette doctrine. Moïse nous a d’abord révélé la création du ciel et de la terre ; il nous a appris ensuite que celle-ci était invisible et informe, et il nous en donne la raison. C’est qu’elle était couverte par les ténèbres et les eaux, car il n’y avait encore que les eaux et les ténèbres. Alors la lumière se produisit au commandement du Seigneur, qui la sépara des ténèbres, et qui appela la lumière, jour, et les ténèbres, nuit. Et maintenant Moïse nous enseigne que de même que le Seigneur, après avoir créé la lumière, l’avait séparée des ténèbres, et les avait distinguées par un nom spécial, il ordonne ici que les eaux soient divisées.
3. Mais voyez combien est grande la puissance divine ; et combien elle surpasse toute intelligence humaine ! Dieu commande, et soudain un élément nouveau se produit et un autre se retire… Et Dieu dit : que le firmament soit fait au milieu des eaux, et qu’il divise les eaux d’avec les eaux. Qu’est-ce donc que cette parole : Que le firmament soit fait? C’est à peu près comme si nous disions dans notre langage : qu’un mur soit établi entre deux éléments pour leur servir de séparation. Et afin de nous faire mieux comprendre et la prompte obéissance des éléments, et le souverain pouvoir du Seigneur, Moïse ajoute immédiatement : Et il fut fait ainsi. Dieu parla et l’œuvre fut achevée… Dieu fit le firmament, et sépara les eaux qui étaient sous le firmament de celles qui étaient au-dessus du firmament. Après donc que Dieu eut créé le firmament, il ordonna qu’une moitié des eaux resterait sous le firmament, et que l’autre moitié demeurerait suspendue au-dessus. Mais enfin qu’est-ce que le firmament ? Dirons-nous qu’il est une eau condensée, un air étendu, ou quelque autre élément ? Nul homme prudent n’oserait l’affirmer : et il nous convient de recevoir les paroles de l’Écriture avec une humble reconnaissance, sans franchir les bornes naturelles de notre savoir, ni approfondir des mystères qui surpassent notre intelligence. Il nous suffit donc de savoir et de croire que Dieu, par sa parole, a créé le firmament pour séparer les eaux, et qu’effectivement les unes sont au-dessus et les autres au-dessous.
Et Dieu appela le firmament, ciel. Considérez la suite et l’enchaînement de l’Écriture. Hier elle s’exprimait ainsi : Que la lumière soit, et la lumière fut ; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres, et il appela la lumière, jour. Aujourd’hui elle nous dit que le firmament a été fait au milieu des eaux ; et de même qu’elle nous a révélé l’usage de la lumière, elle nous apprend ici celui du firmament. Qu’il sépare, dit-elle, les eaux d’avec les eaux. Enfin comme Dieu, après avoir déclaré le but et les fonctions de la lumière, lui avait donné un nom, il en donne également un au firmament. Et Dieu appela le firmament, ciel, c’est-à-dire cette voûte éthérée que nous voyons. Comment donc quelques-uns, direz-vous, peuvent-ils soutenir que plusieurs cieux ont été créés ? certes, une telle doctrine ne repose point sur l’Écriture, elle n’existe que dans leur imagination. Car Moïse ne nous apprend que ce que nous venons de dire ; il nous a dit d’abord : Qu’au commencement Dieu créa le ciel et la terre, et que la terre était invisible, parce qu’elle était cachée sous les ténèbres et les eaux. Il nous a ensuite raconté la création de la lumière ; et puis la suite du récit l’amenait à nous parler du firmament. Et Dieu dit : que le firmament soit. Mais à quel usage est-il destiné ? c’est ce que Moïse a soin de nous apprendre, en disant : Qu’il sépare les eaux d’avec les eaux. Enfin il nous fait connaître que ce même firmament qui séparait les eaux, fut appelé ciel. Qui pourrait donc, après une explication si claire et si lucide, supporter ces esprits qui parlent d’eux-mêmes, et qui contre l’autorité de l’Écriture, soutiennent la pluralité des cieux ? mais ils objectent que le saint prophète David a dit dans ses psaumes : Louez le Seigneur, cieux des cieux. (Ps. 148,4) Eh bien ! ne vous troublez point, mes frères, et ne croyez point que l’Écriture