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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/365

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et contre la raison et le jugement. Dieu a permis ces mauvais effets par une admirable conduite, afin que si nous ne sommes retenus par notre devoir, et si nous ne sommes sobres par vertu, nous le soyons au moins par force, et par la crainte des maux qui sont une suite de l’intempérance.
Comprenons donc ces vérités, mes frères, fuyons le luxe et les délices, aimons la sobriété et la vie réglée, pour jouir dans le corps et dans l’âme d’une parfaite santé, et pour obtenir ensuite les biens à venir, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XLV.


« SES DISCIPLES S’APPROCHANT DE LUI, LUI DIRENT : POURQUOI LEUR PARLEZ-VOUS AINSI EN PARABOLES ? IL LEUR RÉPONDIT PARCE QU’IL VOUS EST DONNÉ DE CONNAÎTRE LES MYSTÈRES DU ROYAUME DES CIEUX, MAIS POUR EUX IL NE LEUR EST PAS DONNÉ », (CHAP. 13,10, 11, JUSQU’AU VERSET 24)

ANALYSE.

  • 1. Le libre arbitre n’est point supprimé par la grâce.
  • 2. Que le péché ne vient ni du tempérament, ni d’aucune nécessité.
  • 3. De l’obligation de donner son bien à Jésus-Christ en la personne des pauvres. – Que l’aumône est un excellent sacrifice, et que celui qui la fait devient le prêtre de Jésus-Christ. – Combien ceux qui ne seront point charitables envers les pauvres seront justement condamnés de Dieu.


1.Nous devons ici, mes frères, admirer la retenue des apôtres qui désirant beaucoup de faire une question à Jésus-Christ, savent néanmoins prendre leur temps et attendre une occasion propre pour l’interroger. Car ils ne le font point devant tout le monde. Saint Matthieu le donne à entendre, lorsqu’il dit « Ses disciples s’approchant de lui (Mc. 4,13) », et le reste. Que ce ne soit pas là une simple conjecture, saint Marc nous en donne la preuve, puisqu’il marque formellement qu’ils s’approchèrent de lui « en particulier. » C’est ainsi que ses frères devaient agir, lorsqu’ils le demandaient, et non le faire sortir avec ostentation lorsqu’il était engagé à parler au peuple. Mais admirez encore la tendresse et la charité qu’ils avaient pour tout ce peuple. Ils sont plus en peine de lui que d’eux, et ils en parlent au Sauveur avant que de lui parler d’eux-mêmes. « Pourquoi », lui disent-ils, « leur parlez-vous ainsi en paraboles ? » ils ne disent pas : pourquoi nous parlez-vous en paraboles ? C’est ainsi qu’en plusieurs rencontres ils témoignent beaucoup de tendresse pour ceux qui suivaient Jésus-Christ, comme lorsqu’ils lui dirent : « Renvoyez ce peuple », etc. (Mc. 6,27) « Et vous savez qu’ils se sont scandalisés de cette parole. » (Mt. 15,10) Que leur répond donc ici Jésus-Christ ?
« Il vous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux, mais pour eux, il ne leur est pas donné (11). » Il parle de la sorte non pour nous marquer qu’il y eut quelque nécessité fatale, ou quelque discernement de personnes fait au hasard et sans choix. Il veut leur montrer seulement que ce peuple était l’unique cause de tous ses maux : que cette révélation des mystères était l’ouvrage de la grâce du Saint-Esprit, et un don d’en haut ; mais que ce don n’ôte pas à l’homme la liberté de sa volonté, comme cela devient évident par ce qui suit. Et voyez comment, pour empêcher qu’ils ne