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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/377

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l’éclaircissement. C’est pourquoi Jésus-Christ ne leur reproche point leur ignorance, mais il satisfait à leur désir. Il leur explique cette parabole ; il l’explique comme je vous ai si souvent dit qu’il fallait faire, c’est-à-dire en ne s’attachant pas à la lettre et aux moindres mots, ce qui donnerait lieu à beaucoup d’absurdités, Il nous apprend lui-même cette vérité par la manière dont il explique cette parabole. Car il ne dit rien de « ces serviteurs » qui vont trouver leur maître quand ils s’aperçoivent « qu’on avait semé de l’ivraie au mi-« lieu du blé. » Mais témoignant que cette circonstance n’avait été ajoutée que comme une suite de la parabole, et pour en rendre l’image plus vive et plus naturelle, il ne s’y arrête point, et passe à ce qui était le but principal de la parabole, et il fait voir clairement qu’il est le juge et le Seigneur de toutes choses. « Et il leur, parla en cette sorte : Celui qui sème le bon grain c’est le Fils de l’homme » (37). Le champ c’est le monde, le bon grain ce sont les enfants du royaume, l’ivraie ce sont les enfants du malin esprit (38). L’ennemi qui l’a semée c’est le diable, la moisson c’est la fin du monde ; les moissonneurs ce sont les anges (39). Comme donc on cueille l’ivraie et on la brûle dans le feu, il en arrivera de même à la fin du monde (40). »
« Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils ramasseront et enlèveront hors de son royaume tous les scandales, et ceux qui commettent l’iniquité (41). Et ils les précipiteront dans la fournaise du feu. C’est là « qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents (42). » Puisque c’est Jésus-Christ qui sème, que c’est dans son champ qu’il sème, et qu’il ramasse l’ivraie pour la jeter hors de son royaume, il est visible que tout le monde est à lui, et qu’il en est le Seigneur.
Mais considérez combien est grande sa bonté envers tous les hommes ; comme il est toujours prompt à leur faire du bien, et éloigné de les punir. Car lorsqu’il faut semer, il le fait par lui-même ; mais lorsqu’il faut punir il le fait par d’autres, c’est-à-dire, par les anges : « Le Fils de l’homme », dit-il, « enverra ses anges. » « Et alors les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père (43). » Non qu’ils ne brillent alors beaucoup plus que le soleil ; mais il se sert de cet exemple, parce que rien sur la terre n’est si brillant que cet astre. Jésus-Christ dit en d’autres endroits de son Évangile, que la « moisson » est déjà arrivée, comme lorsqu’il dit à ses apôtres, au sujet des Samaritains : « Levez vos yeux, et voyez que les campagnes sont déjà blanches pour la moisson (Jn. 4,35) ; » et ailleurs : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. » (Lc. 10,2) Si « la moisson » est déjà prête, comment dit-il ici qu’elle n’arrivera qu’à la fin du monde ? Le Fils de Dieu, mes frères, dans ces deux endroits de l’Évangile, entend par le mot de « moisson » une autre chose que ce qu’il entend ici. Mais, direz-vous, pourquoi, lorsqu’ailleurs il dit : « Que c’est l’un qui sème et l’autre qui recueille (Jn. 4,36) », il dit néanmoins ici que c’est lui-même qui sème ? C’est parce que, lorsqu’il disait : « Que l’un sème et que l’autre « recueille », il comparait les prophètes qui avaient semé, avec les apôtres qui devaient recueillir, ou les Samaritains avec les Juifs ; mais c’était lui-même qui avait toujours semé même par les prophètes. Il se sert même indifféremment en quelques endroits du nom de « semence » et « de moisson », pour marquer une même chose par différents noms. Car lorsqu’il veut exprimer la foi et l’obéissance de ceux qui l’écoutaient, il se sert du nom de « moisson », comme pour montrer qu’il avait alors consommé tout son ouvrage : mais lorsqu’il cherche le fruit de la prédication, il en appelle la consommation tantôt du mot de « moisson », et tantôt du nom de « semence. »
2. Mais comment est-il dit ailleurs que les justes seront les premiers « enlevés en l’air ; » puisque Jésus-Christ commande ici que l’on commence par « cueillir l’ivraie et la lier pour la jeter dans le feu ? » Les justes seront les premiers e enlevés dans l’air auprès de « Jésus-Christ », aussitôt qu’il paraîtra : mais c’est seulement après que les méchants auront été condamnés et livrés aux supplices, que les justes enfin iront dans le royaume des cieux. Comme il faut que les justes soient dans le ciel, et que c’est sur la terre que Jésus-Christ viendra juger tous les hommes, aussitôt qu’il aura condamné les méchants, il s’en retournera au ciel comme un roi triomphant accompagné de ses amis, qu’il rendra héritiers de sa gloire et de son royaume. Ainsi les méchants souffriront une double peine, la première