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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/483

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nous ont coûté qu’un peu d’argent. Mais c’est trop peu dire, au-dessous de nos esclaves : nous les rabaissons même au-dessous des bêtes, au-dessous des ânes et des chevaux. Si vous choisissez un cocher, un valet d’écurie, vous prenez garde qu’il ne soit pas sujet au vin, qu’il ne soit pas voleur, et qu’il sache bien panser et bien conduire des chevaux. Et si vous voulez donner à vos enfants un précepteur pour les former et pour les conduire, vous ne vous mettez point en peine de ce choix. Le premier qui se présente vous convient. Et cependant il n’y a point d’emploi, ni plus grand, ni plus difficile que celui-là ; car qu’y a-t-il de plus important que de former l’esprit et le cœur, et de régler toute la conduite d’un jeune homme ? On estime un grand peintre et un grand sculpteur ; mais qu’est-ce que leur art au prix de l’excellence de celui qui travaille, non sur la toile ou sur le marbre, mais sur les esprits ? Cependant, nous négligeons toutes ces choses. Nous ne nous mettons pas en peine de rendre nos enfants chrétiens, mais éloquents. Et ce désir même est intéressé. Car la fin que nous nous proposons, n’est pas simplement qu’ils soient éloquents, mais qu’ils s’enrichissent par leur éloquence. Que s’ils pouvaient devenir riches sans être éloquents, nous mépriserions aussi bien l’éloquence que tout le reste.

Considérez donc combien est grande la tyrannie de l’avarice ; comme elle corrompt tout, comme elle renverse, tout, et comme elle domine les hommes, qu’elle rabaisse, non seulement au rang des esclaves, mais des bêtes mêmes. Nous vous l’avons dépeinte telle qu’elle est. Nous avons bien dit des choses contre elle ; mais quel avantage en tirerons-nous ? Nous la combattons par des paroles, et elle nous combat par des actions. Nous ne cesserons point néanmoins de la décrier et de vous en donner de l’horreur. Si nous sommes assez heureux pour gagner quelque chose par nos exhortations, nous nous sauverons en vous sauvant. Que si nos remontrances vous sont inutiles, nous nous serons au moins acquittés de notre devoir. Je conjure la miséricorde infinie de Dieu de vous délivrer d’une maladie si dangereuse, et de nous donner sujet de nous glorifier des règlements de votre vie, par la grâce de Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


HOMÉLIE LX.


« QUE SI VOTRE FRÈRE A PÉCHÉ CONTRE VOUS, ALLEZ LE REPRENDRE EN PARTICULIER ENTRE VOUS ET LUI S’IL VOUS ÉCOUTE, VOUS AUREZ GAGNÉ VOTRE FRÈRE ». (CHAP. 18,15, JUSQU’AU VERSET 21)



ANALYSE.
  1. Quand on reprend son prochain de ses torts, il faut le faire en secret.
  2. Un mot en passant contre les usuriers.
  3. Des amitiés chrétiennes. – Qu’elles doivent être pures de tout intérêt. – Que les amitiés du monde ne peuvent être solides. – De la fermeté des amis chrétiens. – Belle description de la charité. – Que Jésus-Christ nous en a donné le modèle.

1. Comme Jésus-Christ avait parlé avec force contre ceux qui scandalisent leurs frères, et qu’il avait lancé contre eux de terribles menaces, il empêche ici maintenant que ceux que l’on scandalise et qui croiraient que toute la faute retomberait sur les auteurs du scandale, ne tombent dans un autre mal, et qu’ils ne glissent à l’orgueil, en prétendant que c’est