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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/488

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Lui, mais sa charité ne s’épuise point. Il les veut guérir ; il redouble sa compassion, il intercède pour eux envers son Père : « Mon Père », lui dit-il, « pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » ; et aussitôt qu’il est ressuscité, il leur envoie ses apôtres pour les convertir et pour les sauver. Soyons sans cesse attentifs à ce modèle. Imitons cette charité d’un Dieu. Retraçons en nous cette amitié si généreuse, afin qu’ayant été les imitateurs de l’amour de Jésus-Christ, nous soyons aussi les héritiers de sa gloire que je vous souhaite, par la grâce et la bonté de ce même Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.




HOMÉLIE LXI.


« ALORS PIERRE, S’APPROCHANT DE JÉSUS-CHRIST LUI DIT : SEIGNEUR, COMBIEN DE FOIS PARDONNERAI-JE A MON FRÈRE, LORSQU’IL AURA PÉCHÉ CONTRE MOI ? SERA-CE JUSQU’À SEPT FOIS ? JÉSUS LUI RÉPONDIT : JE NE VOUS DIS PAS JUSQU’À SEPT FOIS. » (CHAP. 18,21, 22, JUSQU’AU CHAP. XIX)



ANALYSE.

  1. Les bienfaits reçus de Dieu aggravent les péchés des hommes.
  2. -4. L’orateur passe en revue les principales professions de la société des hommes, et fait voir la multitude des péchés qui se commettent dans chacune, dans celle des armes, dans celle des artisans, dans celle des riches propriétaires.

5. De l’amour des ennemis, comment nous devons les gagner. – Du bien que nous retirerons de ceux qui nous haïssent, lorsque nous souffrons leurs injures avec patience. – De l’exemple que nous ont donné sur ce point Jésus-Christ et les saints de l’Ancien et du Nouveau Testament.

1. Saint Pierre croyait aller dire une grande chose au Sauveur, en lui demandant s’il pardonnerait à son frère « jusqu’à sept fois ». Vous me commandez, lui dit-il, de pardonner à celui qui m’offense, mais vous ne me dites pas combien je le dois faire de fois. Car si mon frère m’offense tous les jours, et qu’il en ait toujours regret quand je l’en reprends, est-ce pour toujours, ou jusqu’à un certain terme que vous me commandez de le souffrir ? Je vois que vous avez mis des bornes à la patience qu’on doit avoir pour celui qui demeure opiniâtre dans son péché, et qui ne se repent pas. Vous dites de lui, lorsqu’on a épuisé tous les moyens pour le corriger, que nous le devons regarder « comme un païen et un publicain » ; mais vous ne marquez rien de semblable à l’égard de celui qui reconnaît sa faute, et vous ne dites point jusqu’où je le dois souffrir. Dites-moi donc combien de fois je lui pardonnerai. « Sera-ce jusqu’à, sept fois » ?

Que répond à cela Jésus-Christ, dont la bonté n’a point de bornes ? « Je ne vous dis pas jusqu’à sept fois ; mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois ». Il marque par ces paroles un nombre, indéfini, sans limite. C’est ce que signifie souvent dans l’Écriture le nombre de « mille », comme le nombre de « sept » marque plusieurs. « La femme stérile », dit-elle, « a eu sept enfants », c’est-à-dire plusieurs enfants. Jésus-Christ ne veut donc point marquer, par ce mot de « soixante-dix fois sept fois », un nombre certain et déterminé pour remettre les offenses de nos frères ; mais il veut qu’on