Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’ange de la dernière heure, que nous appelons si crùment la mort, est le plus tendre et le meilleur des anges ; on l’a choisi tel pour recueillir doucement et délicatement le cœur abattu de l’homme au moment où il cesse de vivre, et le porter avec ménagement de notre sein glacé dans le sublime et brålant Éden.. Son frère est l’ange de la première heure : celui-ci donne deux baisers à l’homme, le premier pour lui faire commencer la vie, le second pour qu’il se réveille là-haut sans blessures et qu’il entre dans l’autre vie en souriant, de même qu’il est entré dans celle-ci en pleurant.


Pourquoi vouloir faire partager tous les sentiments de notre cœur à des cœurs étrangers ? — Pourquoi le dictionnaire de la douleur a-t-il tant de mots, et celui de l’ivresse et de l’amour si peu de pages ? — Le génie de l’ivresse et de l’amour ne nous a donné qu’une seule larme, un serrement de main, un accent