Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/33

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pandre au dehors sa joie intime. Nous voulons la gaieté pour l’adulte, aussi bien que pour l’enfant, car nous la regardons comme l’attribut de l’être libre, qui ne peut s’épanouir et se perfectionner que sous la pure lumière de la joie. Nous demandons à l’éducateur de la faire régner autour de lui et de l'entretenir par la liberté, la confiance et l’amour. L’air froid, contraint ou solennel du maître éloigne l’enfant et refoule la joie, sans laquelle l’activité n’est point parfaite. De plus, il fait naître la tristesse, dont le souffle glacial détruit tous les germes de vie Que l’éducateur ne confonde pas la gravité avec l'ennui, le respect avec la crainte, la gaieté avec la dissipation. Qu’il laisse toujours de la place à la joie dont il pourra réprimer l’excès par une douce fermeté !

C’est l’activité qui produit et conserve la gaieté, et l’activité de l’enfance se manifeste surtout dans le jeu, que Jean-Paul appelle « la première poésie de l’homme », se rapprochant ainsi de Schiller pour qui l’art est un jeu, c'est-à-dire l’activité désintéressée qui invente, crée et combine Tout a été dit sur le jeu, sur le plaisir que trouve l’enfant dans cet exercice de sa liberté personnelle et sur le rôle important que remplit le jeu dans le développement du moi, puisqu’il met on œuvre toutes les facultés et qu’il initie l’enfant à la pratique des vertus sociales. Vu la signification que Jean-Paul donne au mot jeu, nous ne pouvons nous étonner qu’il considère comme un jeu la danse, « cette poésie du corps qui développe éga-